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Retour12 décembre 2024
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Les homardiers préoccupés par les nouveaux permis exploratoires
CHANDLER
©Archives - Gaspésie Nouvelles
Ce sont 156 entreprises qui pêchent le homard en Gaspésie, dont 88% dans la zone 20. Seule une petite flottille de 8 entreprises pêchait le crustacé entre Forillon et Grande-Vallée.
Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG) accueille tièdement l’émission de nouveaux permis exploratoires ce printemps dans la zone 19.
Ottawa a annoncé la semaine dernière l'équivalent de 31 nouveaux permis qui seront distribués graduellement aux Premières Nations et aux pêcheurs commerciaux de la région – dans le nord de la Gaspésie, entre le parc national Forillon et le Bic – ce qui représente un effort de pêche annuel total de 7750 casiers.
Si le Regroupement des pêcheurs n’est pas contre l’idée de délivrer ces permis de manière progressive, l’organisation a toutefois quelques bémols. Elle rappelle qu’il reste encore beaucoup de travail à faire et de réflexions à avoir avant d’aller de l’avant, afin de respecter le principe de précaution et d’atteindre l’objectif de soutenir les communautés côtières, et particulièrement les flottilles en difficulté.
Il est clair pour le RPPSG que toute émission de permis de pêche exploratoire dans les zones actuellement exploitées commercialement mettrait en péril immédiat les petites entreprises de pêche existantes; que la solution proposée est une voie très incertaine.
Le groupe estime que Pêches et Océans Canada (MPO) n’a pas présenté aux homardiers les informations leur permettant d’affirmer que le stock actuel est capable de soutenir de manière durable une augmentation de l’effort de pêche, même exploratoire, et à quel niveau. Le RPPSG souligne qu’il reste encore au MPO à mettre en place un protocole exploratoire « solide et complet » et à le présenter aux pêcheurs.
« La gestion durable du homard basée sur la science doit tenir compte de la capacité d’une espèce à soutenir un effort de pêche qu’il soit exploratoire ou non, explique le directeur du Regroupement, O’Neil Cloutier. Elle doit aussi considérer les impacts socioéconomiques sur nos communautés. Il appartient au MPO de s’assurer que ces principes soient appliqués. Nous ne pouvons pas accepter que des entreprises de pêche indépendantes soient mises en difficulté par la mise en place précipitée d’une apparente solution qui soulève actuellement plus de problèmes que de réponses. »
Celui qui est lui-même homardier craint des effets dévastateurs pour les entreprises de pêche actuelles et futures ainsi que sur la durabilité des stocks. Le RPPSG demande à la ministre Diane Lebouthillier, à la tête du MPO, de continuer à s’engager auprès des pêcheurs avant de décider où, quand, comment et combien de permis supplémentaires de pêche au homard seront émis dans le nord de la Gaspésie et à Anticosti.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
O’Neil Cloutier, le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie.
La députée de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine motivait pour sa part la semaine dernière sa décision en voulant « recueillir des données importantes et créer des retombées économiques pour l'ensemble des régions côtières au Québec ».
Le plus récent avis scientifique du MPO sur la pêche commerciale au homard en Gaspésie publié selon les données recueillies en 2022 faisait état de 156 entreprises pêchant le crustacé dans la région, dont 88% dans la zone 20, au sud. Seule une petite flottille de 8 entreprises le pêchait entre Forillon et Grande-Vallée.
©Montage Médialo
Les zones de pêche au homard en Gaspésie et dans les environs.
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