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Retour12 décembre 2024
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
La santé publique n'endosse pas le projet de revenu garanti
HAUTE-GASPÉSIE
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
La direction régionale de santé publique Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine (DRSP) ne supporte pas le projet de revenu minimal garanti présenté récemment par son ex-directeur, Yv Bonnier-Viger.
Celui-ci avait proposé un revenu minimal garanti de 39 000$ en Haute-Gaspésie, une démarche qui aurait fait partie d'un projet pilote sur une période de 20 ans. L'idée a soulevé quelques passions et fait couler beaucoup d'encre.
Incidemment, la DRSP a tenu à préciser sa position, qui pouvait semer la confusion. Par communiqué, l'organisation indique que ce projet « ne fait pas partie de la planification actuelle [et] n’est pas supporté par la DRSP ». Elle souligne que la proposition soulève des questionnements et des réactions légitimes, mais que si le projet a été rendu public, il n’est le fait que d’une initiative individuelle.
La direction régionale de santé publique tient aussi à préciserque les importantes sommes d’argent dont il est question dans la proposition sont le résultat de calculs basés sur le revenu de la population ciblée et sa taille; qu'aucune somme n’est prévue au budget du Québec pour procéder puisque le projet n'a pas passé le stade de l'idéation. Le préfet de La Haute-Gaspésie, Guy Bernatchez, s'était notamment inscrit en faux.
Malgré tout, l'idée s'est frayé un chemin chez certains. D'autant plus qu'un « prototype » avait déjà été testé pour un particulier de la Baie-des-Chaleurs avec un salaire hebdomadaire garanti, entièrement financé par Yv Bonnier-Viger. Par exemple, Steve Ouimet, l’ex-directeur de La Croisée, organisme qui vient en aide aux personnes aux prises avec un handicap, estime qu'environ le quart des revenus des citoyens de La Haute-Gaspésie proviennent du marché du travail alors que le reste vient de différents programmes gouvernementaux comme l’aide sociale, l’assurance-emploi, les régimes de pension ou les allocations familiales.
Or, selon ses calculs, il serait plus judicieux et économique de regrouper certains programmes gouvernementaux pour en créer un seul qui pourrait se traduire par un revenu minimum garanti. Les économies générées par l’État en fusionnant ses programmes et l’ajout de subventions pour aider les entreprises à offrir de meilleurs salaires seraient, selon lui, une solution viable à envisager. « Je suis persuadé qu’il n’était pas déjà envisagé par le Dr Bonnier-Viger de mettre ce plan tel quel en place. C’est une prémisse à la discussion, aux échanges, aux concertations. Bref, c’est une base à donner à une réflexion qui doit-être encore plus large », affirme Steve Ouimet.
C’est dans cette optique qu'il suggère aux organismes et acteurs du milieu de discuter franchement de la proposition de revenu minimal garanti. L'ex-directeur croit qu’en travaillant ensemble, plutôt que de se braquer, mènera à des solutions à un problème bien réel en Haute-Gaspésie.
De son côté, la DRSP indique que l'un de ses mandats demeure la réduction des inégalités sociales de santé et que le revenu en est un facteur important, ici comme ailleurs. « Toutefois, les valeurs de santé publique commandent de travailler en concertation avec les milieux, à la recherche de consensus et de stratégies adaptées et concertées, développées au bénéfice de la population desservie. C’est dans cette optique que la DRSP va poursuivre son travail, et ce, en collaboration avec les instances et personnes en place. »
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