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Retour29 juillet 2024
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
La Fédération pour le saumon demande à Chandler d’agir
CHANDLER
©change.org
Une pétition en ligne a été lancée par le Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos, afin que Chandler légifère en conséquence. La pétition avait récolté près de 100 signatures lundi.
Le Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos et la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) demandent à la Ville de Chandler d’interdire la circulation des véhicules dans le lit des rivières Pabos, une situation qui selon eux est tolérée depuis près de 10 ans.
Chaque année, de nombreux citoyens et touristes circulent en véhicule dans le lit de la rivière Petit-Pabos, principalement pour accéder au site de baignade de la Chute aux Américains, situé à environ 6 kilomètres de l’embouchure, ce qui mettrait en péril des habitats du saumon atlantique et de l’éperlan arc-en-ciel.
Les deux organisations font valoir que la circulation de véhicules motorisés dans l’habitat du saumon atlantique crée des dommages importants, notamment en soulevant une grande quantité de sédiments, en perturbant la qualité de l’eau et en forçant le déplacement des poissons juvéniles hors des zones propices à leur croissance.
Elles demandent incidemment à la Ville de Chandler de modifier son règlement relatif aux nuisances le plus rapidement possible, pour que l’interdiction de la circulation de véhicules sur les rives et dans le lit des rivières Pabos soit encadrée dans un règlement municipal. Celui-ci interdit déjà la circulation de véhicules sur les plages. Il est par ailleurs déjà interdit au Québec de traverser un cours d’eau ou d’y circuler avec un véhicule motorisé, ce qui comprend notamment les camionnettes et les VTT.
« Les leviers législatifs provinciaux et fédéraux ayant une portée limitée pour cette problématique bien précise […] si le règlement pouvait être modifié […] il est de l’avis de tous les partenaires qu’il s’agit d’une solution qui permettrait de pérenniser l’accès au site pour les citoyens, tout en éliminant la problématique des passages à gué en véhicule », notent-ils via communiqué.
Chandler étudie la question
En 2021, un plan d’action a été mis sur pied, en compagnie de représentants du Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos, de la FQSA et de la Ville de Chandler. Il comprenait de nombreuses activités de sensibilisation et de communications auprès des citoyens. Pour le Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos et la FQSA, le tout s’est cependant soldé par un échec.
Pour preuve, en juin 2024, un véhicule s’est enlisé dans la rivière Petit-Pabos et est resté immergé pendant plusieurs jours. Idem en 2023. De son côté, le maire de Chandler, Gilles Daraîche, se dit bien conscient de la situation, notamment pour ceux qui s’enlisent en camionnette.
« Personne d’entre nous n’est d’accord avec la circulation de véhicules à moteur dans l’eau de la rivière. Il y a un zélé par année qui fait ça, qui se garroche dans la rivière et qui reste pris avec son véhicule. Ce sont des cas particuliers. Autrement, ce sont surtout des quatre-roues qui circulent pour se rendre aux lieux de baignade, qui existent depuis plus de 100 ans alors il faut faire attention », indique celui qui a momentanément fait une entorse à ses vacances pour répondre au Gaspésie Nouvelles.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Le maire de Chandler, Gilles Daraîche.
Gilles Daraîche note que l’enjeu est complexe, donnant pour exemple qu’interdire complètement les véhicules à moteur sur les rives pourrait empêcher des pêcheurs de saumon de se stationner en périphérie, et que certains propriétaires privés n’auraient plus accès à leur chalet. Celui-ci rappelle aussi que la ligne des hautes eaux se profile loin sur la rivière Petit-Pabos (la ligne des hautes eaux constitue généralement la limite entre le domaine hydrique de l’État et le domaine privé des particuliers) et que Québec pourrait en faire davantage pour limiter le problème.
« Ils ne veulent pas avoir l’odieux de le faire, parce qu’ils savent que la population va se revirer de bord. La politique municipale, c’est une politique de proximité. Si on place une interdiction, c’est nous qui allons manger la claque. C’est peut-être Québec qui devrait renforcer sa règlementation et la faire appliquer. Nous, même si on change le nôtre, on n’enverra pas un gardien de rivière à l’année surveiller ça; c’est impossible. Mais oui on est au courant. On a déjà prévu de regarder tout ça à notre arrivée de vacances. »
Le site convoité par les plaisanciers se trouve dans les limites de la zone d’exploitation contrôlée (ZEC) de pêche au saumon Pabok, où il serait possible d’interdire la baignade comme solution de dernier recours, soulignent de leur côté le Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos et la FQSA. Tous désirent laisser le site accessible aux baigneurs, sans compromettre l’habitat du saumon, mais le moyen pour y parvenir ne fait pas consensus.
« On en a parlé avec la SQ, on fait de la sensibilisation, on a placé des affiches. Je l’ai clairement dit, si les gens continuent à avoir des comportements déviants, même la baignade va finir par être interdite et on ne veut pas ça. À un moment donné, c’est une question de savoir-vivre », conclut le maire Daraîche.
À noter en terminant qu’une pétition en ligne a été lancée par le Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos, afin que Chandler légifère en conséquence. La pétition avait récolté près de 100 signatures lundi.
©Photo tirée de Facebook - Helene Cain
Les eaux cristallines de la rivière Petits-Pabos sont un joyau encore bien caché de la Gaspésie.
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