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15 mars 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Villa Frederick-James : « Il faut que ça devienne un musée »

PERCÉ

Villa Frederick-James

©Photo gracieuseté On the rocks

Les travaux sont actuellement complétés à 90% et devraient être terminés vers la fin du mois de mai.

Face à l’explosion des coûts, Québec a décidé de mettre la hache dans son réseau des Espaces bleus au début du mois de mars. Qu’adviendra-t-il maintenant de la villa Frederick-James, fraîchement revampée?

Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, s’en remet au député de Gaspé afin de lui trouver sa future vocation. « Je suis particulièrement fier d’avoir cette opportunité de reprendre le dossier », lance d’emblée Stéphane Sainte-Croix.

Les travaux sont actuellement complétés à 90% et devraient être terminés vers la fin du mois de mai. Dès avril, des rencontres seront tenues pour penser au développement de ce nouvel espace. Chose certaine, la vocation artistique devrait demeurer. « L’idée c’est que le bâtiment serve les intérêts culturels en mettant en valeur nos artistes et artisans. On va s’entendre pour le projet le plus consensuel au niveau de la communauté; pour mettre en place une programmation culturelle artistique patrimoniale qui reste à définir. »

Le député vise une ouverture officielle quelque part en 2025. Ce dernier a déjà pu faire une visite la semaine dernière, dont l’espace muséologique au sous-sol. « C’est exceptionnel comme équipements culturels. De voir la villa dans cet état, ça nous fait chaud au cœur. »

Rappelons qu’en 2021, le Musée de la civilisation a acquis gratuitement le bâtiment, qui appartenait à l’Université Laval depuis 2007. Le Musée devait collaborer à la réalisation et au déploiement du réseau des Espaces bleus, en assurant la conception des expositions et la supervision des contenus, ce qui en avait inquiété quelques-uns qui craignaient un dédoublement de l’offre alors que certaines institutions tirent déjà le diable par la queue. Stéphane Sainte-Croix veut se faire rassurant à ce sujet.

« On ne voulait pas voir une nouvelle institution être créée et venir porter ombrage à ce qui se fait déjà sur le territoire. On est parfaitement d’accord et à l’aise avec cette position-là de ne pas habiller Pierre pour déculotter Jean; de ne pas venir jouer dans un terrain déjà bien occupé par les parties prenantes. On va travailler ça dans un esprit de complémentarité et de mise en commun de l’expertise des gens. On a déjà plusieurs manifestations d’intérêt du milieu. On sent un intérêt manifeste à collaborer à sa mise en valeur. »

Le député n’a d’ailleurs pas l’intention d’en remettre les clefs à quelqu’un d’autre. Le bâtiment demeurera sous l’aile du provincial. « L’intention c’est de demeurer propriétaire considérant l’investissement et à quel point ça demande un maintien pour sa bonne santé. Ça demande des coûts. À partir du moment où l’état s’engage à être présent, je pense que c’est une bonne nouvelle en soi. »

La villa Frederick-James, construite en 1887, avait besoin de beaucoup d’amour. Elle a d’abord été déplacée sur 19 mètres afin de l’éloigner de la falaise du cap Canon et être protégée de l’érosion. Une vaste cure de rajeunissement de 25,5 millions de dollars s’en est suivi (le budget initial était de 21 millions).

Stéphane Sainte-Croix

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le député de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix.

Un musée et rien d'autre

 

Pour Jean-Louis Lebreux, l’affaire est claire et limpide. La villa Frederick-James doit devenir un musée; il s’agit d’une occasion en or qui risque de ne jamais se représenter. « On n’a même pas le choix, il FAUT que ça devienne un musée. Ç’a été conçu ainsi et restauré selon les normes de la muséologie contemporaine. C’est aberrant de penser que ça pourrait servir à autre chose. C’est ce dont Percé a le plus besoin », lance de but en blanc celui qui a consacré 40 ans de sa vie à tenir à bout de bras un autre musée, Le Chafaud, à quelques centaines de mètres de la villa.

Selon le libellé original de Québec lors de l’annonce des travaux à la villa, le lieu devait permettre à la Gaspésie de « mettre en valeur son histoire, son patrimoine et ses héros qui ont réalisé de grandes choses et fait briller le Québec. » Jean-Louis Lebreux estime inconcevable de penser que le bâtiment puisse devenir autre chose qu’un musée.

« On ne soupçonne pas la richesse du patrimoine artistique de Percé. C’est un lieu exceptionnel qui a inspiré peintres, écrivains et musiciens. C’est offert sur le plus bel endroit de la municipalité. Je ne connais pas d’autre endroit au Québec qui peut dire que leur paysage est à ce point une source d’inspiration d’œuvres d’art. Et il n’y a que Percé qui n’a pas de musée. »

Jean-Louis Lebreux

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Jean-Louis Lebreux.

L’homme a déjà reçu la confirmation qu’il fera partie du groupe qui sera consulté pour définir la vocation de la villa. Avec Le Chafaud qui ferme ses portes, une partie des installations au sous-sol pourrait servir à partager la riche collection accumulée au fil du temps, alors que le rez-de-chaussée pourrait accueillir des expositions temporaires, des ateliers culturels et des conférences.

La peintre Fabienne Verdier, reconnue internationalement et dont la première exposition au Canada s’est tenue à Percé l’an dernier, a notamment fait don de l’une de ses œuvres au Chafaud. Celui-compte également sur un Riopelle ou encore un dessin de l’anse du nord de l’artiste américain Putnam Brinley, cosigné par Edward Hopper (!).

« On n’a pas d’endroit aménagé pour présenter ça, c’est une véritable honte! Ça va aller où, sinon? C’est là que ça doit aller. Le destin de la villa Frederick-James est dicté par son origine [construite par l’artiste peintre éponyme]. C’est d’une importance capitale pour Percé d’avoir un musée. Si ça doit devenir des boutiques, moi, j’abandonne. »

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