Carrières Avis de décèsÉdition Électronique Infolettre

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Actualités

Retour

13 mars 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Zec des anses : un pas de géant vers une aire protégée

CHANDLER

Zec des Anses

©Photo fournie par le CRE Gaspésie – Christian Besnier

La zec des Anses dans son ensemble compte plus d’une cinquantaine de lacs, dont ceux des Sept Îles et McKenzie ayant une superficie de plus de 20 hectares.

Québec a annoncé la semaine dernière son intention de mettre en réserve le secteur de la zec des Anses, située à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Chandler.

Il n’y a donc pratiquement plus qu’un pas à franchir avant qu’une partie de ce territoire reconnu pour ses forêts anciennes, ses lacs et ses espèces rares ne devienne une aire protégée en bonne et due forme. « C’est un peu comme un mariage où on va demander si quelqu’un s’oppose; sinon on va aller de l’avant. C’est vraiment une bonne nouvelle », image Mia Larochelle, chargée de projet en aires protégées et biodiversité pour le Conseil régional de l’environnement en Gaspésie.

Dans sa proposition préliminaire, le comité de travail formé pour faire avancer ce dossier souhaitait la reconnaissance d’une aire protégée sur près du tiers du territoire de la zec des Anses, soit environ 60 kilomètres carrés dans la partie à l’est. Cette superficie pourrait ultimement être appelée à augmenter. C’est le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs qui statuera. Celui-ci indique que la délimitation précise du territoire fait actuellement l'objet de discussions et sera annoncée ultérieurement.

Chose certaine, pour le moment, cette intention de mise en réserve vient avec plusieurs avantages environnementaux. Des mesures administratives empêchent dorénavant la réalisation de certaines activités à des fins commerciales pouvant dégrader les milieux naturels. Un arrêt complet et immédiat de toute forme d'exploitation forestière à des fins commerciales est aussi appliqué. Déjà en 2021, un moratoire de deux avait été décrété suite à une levée de boucliers de citoyens qui avaient eu vent de la possibilité d’y exploiter environ 30 000 mètres cubes de bois de sciage. Un autre sursis de deux ans a été accordé en 2023.

« Le secteur de la zec des Anses qui sera protégé, c'est un vrai joyau, se réjouit son directeur, Douglas Murphy. Ces forêts anciennes n'ont jamais été touchées, elles sont de toute beauté! On protègera aussi de nombreux plans d'eau […] On est très heureux de voir ce projet se concrétiser, après tous les efforts investis. »

Rappelons que la zec des Anses dans son ensemble compte plus d’une cinquantaine de lacs, dont ceux des Sept Îles et McKenzie ayant une superficie de plus de 20 hectares. Au moins une douzaine d’espèces à statut ont déjà été recensées sur le territoire. Le lac des Sept Îles abrite par exemple l'omble chevalier oquassa, une sous-espèce susceptible d'être désignée menacée ou vulnérable au Québec. Le territoire est aussi bordé par deux rivières à saumon de renommée internationale, la Grand Pabos et la Grand Pabos Ouest.

Vigilance

 

Le conseiller municipal du quartier Pabos, Pierre-Luc Arsenault, et qui fait partie du comité de travail, accueille la nouvelle avec enthousiasme. « Ça démontre qu’il y a eu une belle synergie politique et citoyenne. La zec a déjà plus de notoriété qu’elle en avait avant », résume-t-il. La proposition d’aire protégée de la zec des Anses a été déposée il y a moins d’un an auprès du gouvernement du Québec, ce qui est jugé encourageant. L’élu demeurera cependant vigilant.

Il précise que le Plan d'aménagement forestier intégré opérationnels – le PAFIO – prévoit notamment des coupes dans les zones limitrophes de l’aire protégée, dans la vallée de la rivière du Grand Pabos Nord. « Oui on met en valeur l’aire protégée, mais aussi l’accès et le paysage qui vont avec. Si on octroie des coupes dans des zones non loin des barrières de rétention du saumon ou des zones de nidification du canard arlequin, encore faut-il s’assurer que l’ensemble de l’écosystème qui les entoure soit préservé. Le potentiel écosystémique est plus gros que le 60 kilomètres carrés. »
 

Calypso bulbeux

©Photo fournie par le CRE Gaspésie – Denis Michaud

Un calypso bulbeux.

Des claims miniers sont aussi présents dans le secteur de l’aire protégée. Une vingtaine auraient été acquis dans la dernière année. « Ce sont des secteurs où on a observé des forêts à haute valeur écologique et des espèces à statut précaire, mais qui ne seront pas protégés, précise Mia Larochelle. C’est préoccupant. Il faudra agir pour retirer les titres miniers dans les projets d’aires protégées. » La MRC du Rocher-Percé sera sollicitée par la Ville de Chandler et la zec des Anses afin qu’elle inclue l’aire protégée à son TIAM, un territoire incompatible avec l'activité minière.

Québec a de son côté débloqué un budget de 650 millions de dollars sur sept ans en vue d'atteindre les cibles du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal de 30 % des milieux continentaux et de 30 % des milieux marins d'ici 2030. En date du 31 décembre 2023, le réseau d'aires protégées au Québec couvrait 17,35 % du milieu continental.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média