En 2019, le complexe multisports dans son ensemble était évalué à 18 millions. Le volet aréna à lui seul était estimé entre 8 et 10 millions. Devant l’explosion récente des coûts dans le monde de la construction, la Ville de Gaspé avait décidé l’an dernier de scinder son projet en deux avec dans un premier temps l’aréna, puis un complexe multisports avec terrains synthétiques intérieurs qui pourrait se greffer lors d’une deuxième phase. Celle-ci n’est pas abandonnée, mais n’est pas la priorité pour le moment.

Ouvert en 1968 (au prix de 450 000$, incluant le terrain), l’aréna du centre-ville de Gaspé a 55 ans et tous les usagers auront remarqué des signes évidents de vieillissement. « Ça tombe en ruine. C’est presque devenu honteux. C’est prioritaire et on en a vraiment besoin. L’aréna est sur le respirateur artificiel, qui lui risque de s’écrouler. On a une qualité de glace exécrable. Ça n’a plus de sens », lance de but en blanc le maire Daniel Côté.

Au deuxième étage, une piste de course sera intégrée. Deux couloirs de 200 mètres ceintureront la glace (la moitié de la longueur d’une piste d’athlétisme traditionnelle). Très exactement 504 places assises seront incorporées. Lors d’événements sportifs, l’espace de course pourra servir à accueillir quelques centaines de spectateurs debout. La glace de grandeur nord-américaine pourra être ouverte à l’année, au besoin, comme à Rivière-au-Renard.

Le projet devrait par ailleurs être déposé dans les prochains jours auprès du gouvernement du Québec. Ce dernier s'est engagé à investir 1,5 milliard en 10 ans pour soutenir la réfection d'infrastructures existantes ainsi que la réalisation de nouveaux projets, via le Programme d'aide financière aux infrastructures récréatives, sportives et de plein air (PAFIRSPA). Une somme de 300 millions a été réservée dans le budget 2023-2024. L’aide financière peut atteindre 66% de la valeur des travaux, pour un montant maximal de 20 millions. La Ville de Gaspé espère aller chercher ce maximum, même si la compétition risque d’être féroce.

La dernière enveloppe similaire de 294 millions avait été nettement insuffisante pour répondre à la demande. Au final, ce sont 1,2 milliard de projets qui avaient été laissés sur la table faute de financement.

Cette fois, le conseil municipal est sur les blocs de départ et espère avoir une longueur d’avance sur les autres avec des plans et devis qui n’attendent qu’à être réalisés. « On essaie de cocher le plus de cases possibles avec cette aide gouvernementale. Un des éléments, c’est d’avoir des plans et devis avancés. Avec ça, on score mieux que les autres. Je pense que ça nous avantage. L’état de désuétude est aussi un critère », évalue Daniel Côté.

Le concept a aussi été amputé de près de 6 millions. Des loges VIP sont notamment passées à la trappe, ce qui a permis de réduire la longueur du bâtiment de 6 mètres. Si le feu vert est donné, un appel d’offres pourrait être lancé en août 2024 pour la construction, pour une première pelletée de terre en janvier 2025 et une ouverture en août 2026. Des réponses sont attendues d’ici le mois d’avril.

Le niveau de confiance de recevoir un avis positif du gouvernement est jugé « élevé » par le maire Daniel Côté, qui en a glissé un mot deux fois plutôt qu’une lors du récent passage de François Legault. La ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, est également bien au fait. « C’est un des dossiers que j’ai martelés auprès des ministères lorsque j’étais président de l’UMQ. À peu près tout le conseil des ministres doit être au courant. »

Il n’est par ailleurs pas envisagé de n’avoir qu’un seul aréna sur le territoire du Grand Gaspé. Le maire explique que le taux d’occupation est trop élevé pour condenser les plages horaires dans un seul établissement, et que l’étendue du territoire pénaliserait certains quartiers, nonobstant du lieu où un seul aréna serait hypothétiquement ouvert. Le conseil municipal espère finalement que des partenaires privés et publics contribuent à 6% du montage financier, notamment pour vendre le nom de l’aréna à un institutionnel ou une entreprise. La charge financière de Gaspé serait de 26,6%, pour environ 8 millions. Il est toujours prévu de relocaliser les terrains de tennis, à un endroit qui reste à déterminer.