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27 novembre 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

À un cheveu de perdre la Gaspésienne no. 20

GASPÉ

Gaspésienne no. 20

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

L’incendie a abîmé la coque de la Gaspésienne no. 20, ainsi que la passerelle pour s’y rendre et une partie de la terrasse.

Dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie a partiellement endommagé la Gaspésienne no. 20. L’embarcation emblématique rattachée au Musée de la Gaspésie est accessible depuis 2017 et est la dernière de sa série à avoir survécu jusqu’à aujourd’hui dans sa forme originale.

N’eût été de la vigilance de deux jeunes femmes qui passaient par là en voiture vers 1 h 40 du matin et qui ont remarqué flammes et fumée, ce joyau de l’histoire régionale appartiendrait au passé. « Ajoute une demi-heure de plus et le bateau était fini … c’est vraiment une chance dans la malchance », résumait lundi matin Martin Roussy, directeur général du Musée de la Gaspésie.

La thèse de l’incendie criminelle ou du bris électrique a finalement été écartée. Selon les images de surveillance, il s’agirait d’un accident causé par un mégot de cigarette jeté dans un bac à fleurs (les engrais chimiques peuvent s’enflammer et l’incubation des flammes peut prendre plusieurs heures). « On le voit bien sur les caméras. Le feu a pris là et s’est avancé vers le bateau », explique Martin Roussy.

Le feu a essentiellement endommagé la coque du bateau ainsi que la passerelle pour s’y rendre et la terrasse du musée. Il faudra cependant faire vite pour recouvrir la Gaspésienne no. 20, maintenant dénuée contre les intempéries. La toile faite sur mesure par un spécialiste pour l’abriller a dû être déchirée par les pompiers pour maîtriser le brasier. « Le feu n’a pas trop endommagé le bateau, mais l’eau par contre des fois c’est pire. Notre urgence ce matin est de la recouvrir pour la protéger de l’hiver », ajoute le directeur général. Le montant de la réclamation n’est pas connu pour le moment. Une restauration pourrait être réalisée à temps pour l’été prochain, selon les premières estimations.

Protéger à long terme

 

Un don a permis au Musée de la Gaspésie d’acquérir la Gaspésienne no. 20 en 2002. Elle appartenait jusqu’alors à Michel Boissonnault, de New Richmond. En 2017, après un blitz et quatre mois de labeur et avec l'aide d'une quarantaine de personnes – dont plusieurs bénévoles – l'embarcation a été officiellement inaugurée. Le coût de restauration complet avait alors été estimé à 200 000$.

Entre 1955 et 1960, très exactement 50 Gaspésiennes ont été construites, dont la majorité au chantier de la Davie (47) à Lévis, mais quelques-unes localement au Chantier maritime de Gaspé (3). Toutes les embarcations ont été numérotées de 1 à 50. Il s’agirait de la dernière Gaspésienne authentique, qui n’a pas été altérée, modifiée ou tout simplement détruite. Il en coûterait au moins 1 million de dollars, sinon davantage, pour « recréer » la Gaspésienne no. 20, selon les techniques de l’époque.

 « C’est vraiment inestimable. Il n’y a pas de valeur financière rattachée à ça. Si on s’était réveillé ce matin sans Gaspésienne, c’était terminé », rappelle Martin Roussy.

Celui-ci explique que l’idée d’une protection permanente était déjà dans les cartons avant même l’incendie de cette fin de semaine. « Ça nous a montré – on n’en avait pas besoin et on le savait déjà – qu’un artéfact à l’extérieur ce n’est pas l’idéal. Ça devrait être à l’intérieur […] Est-ce qu’on l’intègre au bâtiment existant? On la met dans une coquille de verre qui se marie à l’architecture? Il y a plein de possibilités et de pistes, mais c’est clair que sa protection dans un bâtiment, il faut y penser et ça sera inévitable. »

Rappelons que les Gaspésiennes ont été utilisées pour la pêche à la palangre (la trawl), soit une ligne principale et plusieurs lignes secondaires pourvues d’hameçons et de bouées. Les embarcations ont permis aux pêcheurs de l’époque d’aller plus loin et de ramener plus de poissons en toute sécurité, rappelait en 2015 Jeannot Bourdages dans un article signé dans le Magazine Gaspésie. La Gaspésienne no. 20 a été achetée en 1958 par Thomas Boucher de Newport (1907-1995). Des descendants de sa famille ont d’ailleurs mis l’épaule à la roue lors de la restauration.

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