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19 juillet 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Perrine Leblanc : artiste de l’année en Gaspésie

PORT-DANIEL-GASCONS

Perrine Leblanc

©Photo fournie par Perrine Leblanc – Justine Latour

Perrine Leblanc.

L’écrivaine Perrine Leblanc est la plus récente récipiendaire du Prix Artiste de l’année en Gaspésie, décerné par le Conseil des arts et des lettres du Québec.

La réputation de celle qui a signé les œuvres Gens du Nord (2022), Malabourg (2014) et L'homme blanc (2010) n’est plus à faire. Perrine Leblanc a depuis connu le succès critique et populaire. Mais le Prix Artiste de l’année en Gaspésie revêt une saveur particulière pour celle qui s’est établie à Port-Daniel-Gascons en 2018. Questions et réponses avec l’auteure gaspésienne née à Montréal.

Tout d’abord, comment recevez-vous cette distinction?

 

C’est un prix particulier parce que ce n’est pas un prix littéraire remis pour une œuvre en particulier. C’est une reconnaissance du rayonnement national et/ou international d’un artiste issu de la Gaspésie. Je trouve ça très intéressant parce que ça fait le tour des réalisations récentes, en l’occurrence 2022, et c’est territorial, donc associé à la Gaspésie. Ça me touche beaucoup. C’est aussi remis par un jury multidisciplinaire interrégional. Des artistes d’autres disciplines que la mienne qui posent un regard sur mes réalisations, c’est rare.

D’ailleurs, pourquoi avoir choisi la Gaspésie?

 

Ma mère est originaire de Nouvelle. La Gaspésie représente la moitié de mon bagage génétique. Avec mon conjoint, on avait envie de vivre près de l’eau, idéalement près de la mer. On regardait les maisons et nous sommes tombés sur une magnifique maison ancestrale, très maganée. Elle nous a littéralement choisis. Ce sont les hasards de la vie.

Ce nouveau lieu d’appartenance, est-ce que ça nourrit votre écriture?

 

Complètement! Devenir propriétaire d’une maison ancestrale alors qu’on est pas très manuelle, en plus de vivre à 900 km de Montréal qui est le centre culturel, c’est un défi. Mais c’est extrêmement sain parce que comme artiste, on se recentre. On se concentre sur l’essentiel, la vie quotidienne, la création, la gestion de nos émotions et ce qui est non-négligeable : l’effet que peut avoir la mer sur nos corps, sur notre sensibilité et sur notre écriture. Pour moi, c’est une révolution dans ma vie quotidienne. C’est un changement majeur et positif dans ma vie créatrice.

Sentez-vous que vous manquez des opportunités en étant loin des grands centres?

 

C’est un défi pour les artistes en général parce qu’il y a un montréalocentrisme culturel, mais je suis arrivée en Gaspésie avec une œuvre littéraire déjà bien en marche. L’année dernière, j’ai quand même parcouru 18 000 km en voiture au Québec et en Acadie pour accompagner mon roman [Gens du Nord] en tournée. Je suis allée en Europe et en Afrique, donc non ça ne m’a pas empêché d’assurer la promotion du roman. Cela dit, ça aurait été beaucoup plus simple si le train de passagers était disponible dans la péninsule gaspésienne. Personne n’a envie de se taper 16 heures de bus pour aller faire une entrevue. Ça peut être un défi de vivre en région, mais ça ne m’a pas freinée.

Qu’allez-vous faire avec la bourse de 10 000$ associée à votre prix?

 

Je vais la réinvestir dans un projet artistique qui devrait voir le jour cet automne et qui met en valeur mon environnement immédiat en Gaspésie. J’ai invité l’artiste visuelle Geneviève Godbout, très connue dans la littérature jeunesse au Québec et dans le monde, mais pour un projet adulte. Je vais pouvoir mener à bien ce projet grâce au prix. Ça s’intitule Petite nature. C’est tout ce que je peux dire pour le moment.

Avez-vous un autre roman dans vos cartons?

 

Quand Petite nature aura vu le jour, je vais pouvoir me plonger à temps complet dans mon quatrième roman. Il est trop tôt pour en parler, mais j’ai aussi signé un contrat avec la maison d’édition québécoise La Pastèque pour un roman illustré – toujours avec Geneviève Godbout – qui devrait paraître dans les prochaines années à propos de l’immigration irlandaise au Québec au XIXe siècle. Le texte est prêt et les illustrations sont en cours.

On s’imagine que le tout découle de votre périple en Irlande et en Irlande du Nord pour votre plus récent roman?

 

Si la moitié de mon bagage génétique est gaspésienne, l’autre moitié est irlandaise. Mes deux grand-mères sont de descendance irlandaise alors c’est certain que j’ai un attachement profond à l’Irlande, que j’ai pu approfondir en m’y rendant. Je suis revenue dans mes terres avec beaucoup d’inspiration et ça se traduit en divers projets littéraires et j’en ai encore pour peut-être deux livres avec l’Irlande.

Sentez-vous une certaine pression de performance avec la réception de votre plus récent ouvrage?

 

À 30 ans, avec mon premier roman [L'homme blanc], j’ai remporté le prix littéraire le plus important au pays – celui du Gouverneur général du Canada – le Grand prix du livre de Montréal et le Combat national des livres de Radio-Canada. Là, c’était intense [rires]. J’ai maintenant 13 ans de carrière derrière moi. J’ai appris à bien gérer la pression même si on n’est jamais à l’abri. Mais je suis peut-être plus mature. Au contraire, ça me donne un élan. Ce prix d’Artiste de l’année en Gaspésie, c’est une récompense qui me fait du bien. C’est une reconnaissance des pairs pour mon ancrage territoriale. Ça arrive au bon moment.

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