Santé
Retour28 juin 2023
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
L’hôpital de Gaspé sans obstétrique une semaine sur deux
GASPÉ
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Le département d’obstétrique ne sera effectif qu’une semaine sur deux à Gaspé au mois de juillet et au mois d’août.
Une partie des femmes enceintes de Gaspé qui doivent accoucher cet été devront être redirigées vers l’hôpital de Chandler.
Dans son point de presse annuel pour faire le point sur l’état du réseau de la santé à l’aube des vacances estivales, le CISSS de la Gaspésie a confirmé que le département d’obstétrique ne serait effectif qu’une semaine sur deux à Gaspé au mois de juillet et au mois d’août. La situation s’explique par le fait que la moitié des 12 infirmières spécialisées en obstétrique est en arrêt actuellement, dont cinq qui sont elles-mêmes enceintes ou en congé parental à la suite de la naissance de leur enfant.
Ni le recours à la main-d’œuvre indépendante ni les appels à l’aide dirigés vers le réseau d’infirmières de dépannage en obstétrique (RIDDO) mis en place par Québec n’ont permis d’assurer une couverture complète pour cet été. « Il est rare partout le personnel, spécialement en obstétrique. On fait tout en notre pouvoir pour maintenir le service. Ce n’est pas idéal, mais Rocher-Percé est capable de répondre à la demande », explique le président-directeur général du CISSS, Martin Pelletier.
La décision a été prise d’un commun accord avec les équipes médicales et le syndicat. Selon les données internes, ce sont huit femmes qui devaient accoucher en juillet dans le Grand Gaspé et huit autres en août. « Tant que possible, les séquences de découverture tiennent compte des prévisions d’accouchement à venir », précise le PDG qui dit poursuivre les efforts de recherche en obstétrique.
Chacune des femmes enceintes qui sont touchées à Gaspé a été rejointe individuellement par le CISSS pour leur expliquer la situation. « Les médecins en obstétrique sont toujours là et on a du personnel qualifié pour les prendre en charge, mais ça va se faire via l’urgence si le temps ne nous permet pas de faire le transfert vers Rocher-Percé », ajoute Martin Pelletier.
« On a l’équipe professionnelle comme l’inhalothérapeute qui est disponible et de garde et on peut également solliciter nos équipes du bloc opératoire qui sont habilitées pour les césariennes. Ça fait partie des mesures de contingence qu’on met en place dans les situations d’extrême urgence », ajoute Maxime Bernatchez, directeur adjoint en soins infirmiers au CISSS de la Gaspésie.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Méganne Perry Mélançon,porte-parole nationale du Parti québécois.
Critiques dirigées vers la CAQ
Une semaine de découverture en obstétrique a été observée du 16 au 22 juin à Gaspé, ce qui avait fait craindre à la Maison de la famille Parenfant que ce ne soit que la pointe de l’iceberg et que la situation ne se reproduise pendant l’été. Leurs craintes ont été confirmées cet après-midi. Leur demande de prévisibilité pour la période estivale a été entendue avec le calendrier en alternance annoncé par le CISSS de la Gaspésie.
L’ancienne députée de Gaspé et porte-parole nationale du Parti québécois, Méganne Perry Mélançon, a aussi critiqué la situation ce matin en pointant vers la CAQ et son manque de planification et d’initiative pour retenir les travailleurs dans le réseau de la santé.
Elle souligne que le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé il y a plusieurs mois que l’été serait difficile dans le réseau, mais que celui-ci ne s’est pas avancé sur les solutions. « Admettre à l’avance son incapacité à respecter ses promesses et à livrer des services de santé essentiels ne rend pas pour autant la situation acceptable. On parle ici de femmes enceintes qui devront faire une heure de voiture pour accoucher à Chandler [...] C’est une situation qui engendre beaucoup d’anxiété et ça ne doit pas être normalisé. Les citoyens des régions ne sont pas des citoyens de second rang », tonne Méganne Perry Mélançon qui plaide pour une revalorisation des professions en santé, la cessation du recours au privé, une meilleure organisation des horaires de travail et l’élaboration d’un plan de contingence en collaboration avec le personnel sur le terrain.
À long terme, les 36 infirmières en provenance de l’Afrique qui terminent actuellement leur formation d’appoint afin de pratiquer en Gaspésie et les 40 autres qui arriveront en septembre permettront peut-être de résorber une partie du manque de main-d’œuvre en obstétrique, mais cette alternative reste inapplicable cet été.
Ailleurs dans le réseau
Les blocs opératoires connaîtront un ralentissement cet été. Seuls les cas urgents et oncologiques seront traités pendant le cœur de la saison estivale. « On le vit à chaque été. C’est une pratique connue partout au Québec l’été », précise Martin Pelletier. Des ruptures de services en clinique externe pourraient aussi être observées à Maria et à Gaspé.
Des ralentissements sont anticipés dans les soins à domicile et les services à la jeunesse. « On va fonctionner à capacité réduite afin d’offrir des vacances au personnel. Les urgences seront toujours prises en charge rapidement avec un système d’appel de garde », ajoute le PDG. D’autres ralentissements sont prévus en imagerie médicale à Murdochville et à Grande-Vallée. Le CISSS tente actuellement de dégager du personnel pour combler le plus de quarts possibles. « Il y aura tout de même certaines périodes où l’imagerie médicales sera très ralentie, voire que pour les urgences dans ces deux CLSC. Les urgences demeurent fonctionnelles. »
La situation serait précaire mais tenable dans les CHSLD malgré le manque de ressources humaines. Pour les salles d’urgence et les soins intensifs, la volonté ferme de l’organisation est qu’elles demeurent ouvertes à la grandeur du territoire. Aucune fermeture de lit n’est prévue. « La fermeture d’un service n’est pas une option. Si on y arrive c’est qu’on a éplucher toutes les autres options possibles », conclut Martin Pelletier.
©Photo Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Martin Pelletier, PDG du CISSS de la Gaspésie.
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