Manque criant d’hébergement au campus de Gaspé

CÉGEP DE LA GASPÉSIE ET DES ÎLES

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le campus de Gaspé peut héberger entre 250 et 280 étudiants en chambres et en appartements.

De futurs étudiants collégiaux – dont plusieurs de l’international – pourraient devoir renoncer à leur rêve de venir étudier en Gaspésie en raison du manque de places où se loger.

Selon les plus récents chiffres du Cégep de la Gaspésie et des Îles, ce sont actuellement 75 noms qui sont sur la liste d’attente aux résidences du campus de Gaspé, qui peuvent héberger entre 250 et 280 étudiants en chambres et en appartements. En comparaison, à ce temps-ci de l’année, ils sont habituellement une vingtaine sur la liste d’attente, qui finit par se résorber avant la rentrée des classes. Mais avec près de quatre fois plus de demandes, certains risquent d’être laissés pour compte.

La problématique est aussi observée à Grande-Rivière où une vingtaine d’étudiants de l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec cherchent toujours à se loger. « C’est quand même beaucoup. Ultimement, si on ne trouve pas suffisamment de place, on va être obligé de recommander à certains étudiants de remettre leur projet d’études à l’année prochaine », se désole la directrice générale du Cégep de la Gaspésie et des Îles, Yolaine Arseneau.

Le recrutement à l’international a été particulièrement efficace cette année, ce qui explique une partie de cette liste d’attente. À la fin mars, le Cégep avait reçu 442 demandes d’inscription provenant de l’étranger, en hausse de 157% en un an. « Cette année, ç’a été très bon. On attend entre 40 et 50 étudiants français dans nos programmes de maintenance industrielle et de foresterie, qui sont en recherche d’endroit pour vivre », précise la directrice générale.

Garder espoir

Cet automne, le CISSS de la Gaspésie cherchera à trouver un toit à une cinquantaine d’infirmières africaines dans l’ensemble de son réseau de la santé. À Gaspé, alors que le taux d’inoccupation des logements est à 0%, des employeurs tels que LM Wind Power cherchent aussi à loger leurs employés, dont plusieurs arrivent des Philippines.

Même si la « compétition » est forte, la direction du Cégep de la Gaspésie et des Îles est loin de baisser les bras et lance un appel à tous afin que les futurs étudiants puissent venir sur les bancs d’école de la région.

Chambres indépendantes, sous-sols convertibles ou même des familles prêtes à héberger des étudiants étrangers sont les bienvenues. Une quinzaine d’étudiants de l’Afrique francophone sont notamment en attente d’un toit. « Il faut rester optimiste. C’est vrai qu’on est plusieurs organisations à faire face aux mêmes problèmes alors il faut être imaginatif. Ça peut peut-être être une possibilité pour certains d’héberger un étudiant étranger. Ça peut être une belle expérience, une manière de connaître une nouvelle culture et une façon de donner au suivant. On fait cette tentative avant de dire aux étudiants de reporter leur projet d’études à plus tard », lance Yolaine Arseneau.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

La directrice générale du Cégep de la Gaspésie et des Îles, Yolaine Arseneau.

En près de 20 ans d’expérience au Cégep de la Gaspésie et des Îles, dont six comme directrice du campus de Gaspé de 2011 à 2017, la directrice générale estime que l’automne 2023 atteint un paroxysme inégalé quant à la demande de logements à Gaspé.

Par ailleurs, dans le passé, plusieurs avaient pris l’habitude de se loger aux résidences du Cégep à leur première année d’études, avant de voler de leurs propres ailes en se louant un appartement privé ou une maison pour la suite de leur parcours scolaire. Avec la pénurie de logement, plusieurs ont cependant renoncé à cette option. « Ce n’est pas scientifique, mais avec le taux d’inoccupation combiné aux coûts élevés du marché, les étudiants choisissent davantage de rester en résidence pour leur troisième année », analyse Yolaine Arseneau.

Guillaume Whalen visitant avec confiance une cuisine commune du pavillon Saint-Jean, inauguré en 2021 après avoir été la proie des flammes en 2018.

Dans l’immédiat, les rénovations majeures aux résidences de Gaspé seront complétées en 2025. La dernière phase comprend la reconversion des espaces de bureaux accessibles par la rue Chrétien en appartements; un retour à leur vocation originale. Ceux-ci avaient jadis déjà servi comme appartements avant d’être convertis en espaces de bureaux. Quelques unités seront disponibles dès 2024, mais l’essentiel des 50 places ne le seront pas avant 2025.

À brève échéance, il n’y pas de projet sur la table avec le Cégep à Grande-Rivière, mais une demande devrait être déposée cet été auprès du ministère de l’Enseignement supérieur. Yolaine Arseneau espère aussi pouvoir héberger tous les demandeurs afin que le bouquet de formations sur l’ensemble du territoire puisse continuer à être déployé. « C’est très important le recrutement à l’extérieur de la région pour maintenir diversifiée notre carte de programmes et assurer la formation post-secondaire en Gaspésie. Il n’y en aurait pas suffisamment avec seulement les étudiants de la région », conclut-elle.

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