Culture
Retour28 mai 2023
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Dépassements de coûts de 5,6 M$ pour le Théâtre de la Vieille Forge
PETITE-VALLÉE
©Photo Gracieuseté
La première étude de faisabilité faite à l’automne de l’incendie, en 2017, parlait plutôt d’une reconstruction autour 4,8 millions de dollars.
Les coûts totaux pour la reconstruction du Théâtre de la Vieille Forge à Petite-Vallée ont bondi de 40% et s’élèvent aujourd’hui à 19,6 millions de dollars.
Les coûts estimés en 2021 lors de l’élaboration du concept architectural étaient de 14 M$. Cette hausse de 5,6 M$ est expliquée par la hausse des frais de financement et celle des prix de la construction. Selon les détails financiers partagés par l’organisation, le taux préférentiel des frais de financement entre le dépôt du programme de construction déposé en février 2021 et aujourd’hui a augmenté de 2,45% à 6,7%. Rappelons par ailleurs que la première étude de faisabilité faite à l’automne de l’incendie, en 2017, parlait plutôt d’une reconstruction autour 4,8 millions de dollars. Mais plus le temps passe, plus la facture s’étire.
« Tous les projets dépassent alors on ne fait pas exception. Nous on ne peut pas reculer », lance de but en blanc Alan Côté, le directeur général et artistique du Village en chanson de Petite-Vallée. Toutes les sommes engrangées par la campagne de financement – 1,7 million de dollars – ont déjà été engagées. En juin 2021, le ministère de la Culture et des Communications avait déjà annoncé une aide financière de 9,83 millions de dollars, alors qu’Ottawa a réservé des sommes d’environ 3 M$.
Pour Alan Côté, même si l’heure est critique, la confiance est de mise. L’option de voir le provincial et/ou le fédéral ne pas répondre à cet ultime appel n’est tout simplement pas considérée. « Je suis convaincu que les deux paliers de gouvernement comprendront l’urgence d’être à nos côtés pour absorber la hausse des coûts [...] Ils vont l’allonger [la somme manquante]. La région a besoin de ça. On doit lancer ce projet pour qu’en 2025 on ait un lieu pour que la culture reprenne toutes ses lettres de noblesse. »

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Alan Côté.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Régis Labeaume.
Il y a déjà près de 6 ans que l’emblématique Théâtre de la Vieille Forge a été la proie des flammes. Le 15 août 2017 au matin, tous les yeux du Québec étaient tournés vers la région, voyant défiler une dernière volute de fumée de ce qui restait des décombres de la Vieille Forge, lieu de convergence de la musique québécoise francophone.
À noter par ailleurs que seules deux soumissions ont été reçues suite à l’appel d’offres public. L’écart était d’environ quatre millions de dollars entre les deux. Un troisième entrepreneur général qui s’était montré ouvert s’est désisté une semaine avant la fin du processus.
Pour ceux qui trouvent la facture onéreuse, Régis Labeaume, ex-maire de Québec et retraité, comme il plaît à s’identifier, a une réponse pour eux. Ce dernier était à Petite-Vallée dimanche pour la journée de réflexion quant à la position du Village en chanson dans l'écosystème local et régional. « Un événement auto-financé comme ça à 60%, c’est très gros. Dites-vous bien que votre festival est en santé. Et organisez-vous dont pour aller chercher d’autres subventions parce que si elles ne viennent pas ici, elles vont aller ailleurs! », lance celui qui est aussi président d’honneur de la campagne annuelle de financement du Village en chanson, le Fonds Dan-Gaudreau.
Dimanche, près d’une centaine de citoyens de l’Estran, principalement de Grande-Vallée et Petite-Vallée, étaient réunis à la salle Clairence-Minville pour cette journée de réflexion. Présent pour l’occasion, le député de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix, n’a pas voulu se mouiller à savoir si la CAQ répondrait une nouvelle fois à l’appel, financièrement parlant. Ce dernier est toutefois bien au fait du dossier et conscient que les dépassements de coûts sont un phénomène connu dans à peu près tous les secteurs de l’économie.
« Notre direction régionale au niveau de la culture et des communications est bien au fait. Nos équipes sont à l’œuvre pour voir comment on peut arriver à être au rendez-vous, être créatif derrière tout ça. Tout le monde travaille pour arriver à trouver des solutions gagnantes [...] L’idée c’est de voir si on a une flexibilité pour augmenter notre participation. Il y a un travail qui se fait à l’interne. C’est un projet qui dépasse de beaucoup les frontières du comté. C’est une institution et un festival qui est plus qu’un festival. C’est une question identitaire, culturelle et économique. On est sensible à ce qui se passe ici et les gens ont fait l’effort depuis quelques années de maintenir l’activité en place dans des conditions non optimales. On travaille fort pour faire en sorte que ça se réalise. » Plus de détails lundi.
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