10 mai 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

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©Jean-Philippe Thibault

Une décennie avant sa fermeture, environ 100 000 tonnes de produits étaient transbordés au quai de Chandler.

La municipalité a cependant dû changer son fusil d’épaule après avoir revu à la baisse les retombées économiques potentielles de ce qui aurait été le principal client – l’usine de ciment McInnis à Port-Daniel-Gascons – et après avoir présenté un plan d’affaires auprès de Transports Canada, le propriétaire de l’infrastructure.

Questionné par un citoyen lors de la plus récente séance du conseil municipal, le maire et la direction générale ont expliqué que le volume de matières qui aurait pu transiter par le quai de Chandler ne justifiait plus cette orientation industrielle. Le directeur des opérations chez St Marys Cement, Éric Fournel, a notamment été rencontré pour étudier la question de l’utilisation de l’infrastructure portuaire. « Les quantités qu’ils nous réservaient, c’était nettement insuffisant, presque banal. Ça ne justifiait pas des dépenses de grande envergure pour 25 années de services supplémentaires », explique le maire Gilles Daraîche.

« Transports Canada avait besoin d’une confirmation de notre principal client visé parce que le plan d’affaires était basé sur lui et il fallait un client majeur, ajoute le directeur général de Chandler, Roch Giroux. À l’époque, les chiffres étaient plus importants que les quantités avancées dernièrement. Avec les nouvelles données, ce n’était plus nécessairement rentable. »

En 2019, la firme-conseil CPCS avait fait des estimations de transbordement d’un ordre entre 100 000 et 275 000 tonnes, ce qui n’est vraisemblablement plus envisageable.

En 2016, lorsque l’accès au quai a été interdit, la remise en bon état était alors évaluée entre 13 et 16 millions de dollars. Trois ans plus tard, en 2019, l’étude de CPCS estimait que le montant pour le remettre à neuf serait plutôt de 37 millions.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le quai a été fermé en septembre 2016.

Plan B

 

Si le plan A a été relégué aux oubliettes, le conseil municipal ne jette pas la serviette pour autant et aimerait bien faire revivre ce qui a jadis été un lieu de convergence naturel pour la population de Chandler. La vocation deviendrait plutôt récréotouristique. Mais les démarches sont encore embryonnaires et ne sont pas encore entamées avec Transports Canada sur son futur.

Rappelons qu’en 2018, le fédéral annonçait qu’il se départait de quatre ports dans l’est du Québec, soit ceux de Matane, Gaspé, Rimouski et Gros-Cacouna, afin de les céder au provincial. Le transfert s’est conclu deux ans plus tard, en 2020, avec à la clef 148,8 millions de dollars pour en assurer la réfection et l’entretien. Une société portuaire a ensuite été mise sur pied pour les gérer. Le quai de Chandler ne faisait cependant pas partie du lot.

Avec sa fermeture en 2016, la ville perdait aussi sa trentaine d’escales du CTMA Vacancier qui se faisaient de juin à septembre. Chandler avait investi 4,5 millions de dollars en 2004 pour un débarcadère et accueillait depuis cette date le navire de croisière de la coopérative madelinienne. Cette dernière a ensuite opté pour le port de Sandy Beach à Gaspé – qui lui n’a pas de débarcadère – mais n’a opéré que pendant deux saisons complètes avant que la pandémie ne s’en mêle. Le navire de croisière n’a plus fait escale en Gaspésie depuis. « Peut-être qu’un jour le traversier va revenir, on ne sait jamais », lance Gilles Daraîche.

« Ça fait partie de notre histoire au niveau économique et touristique. On ne voulait pas laisser partir le quai sans faire les efforts nécessaires pour lui donner une seconde vie », expliquait de son côté le directeur général lors du conseil municipal.

Le quai de Chandler a été inauguré en 1970 et servait principalement à la papetière Gaspesia, aujourd’hui disparue.