Nouvelle technologie de pêche pour les crabiers afin de protéger les baleines

GRANDE-RIVIÈRE

©Photo Merinov

Les premiers prototypes ont été testés à l’été 2022 au large de Grande-Rivière et de Newport.

Merinov et l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) ont mis au point un prototype de système qui permet à la fois de remonter des casiers à crabe des neiges tout en se rompant lorsqu’une baleine exerce une pression sur le cordage. Les deux collaborent ensemble sur ce projet depuis 2019.

Cette nouvelle technologie de maillon faible à double seuil de rupture devrait faciliter le désempêtrement des mammifères marins en général et des baleines en particulier.

« Ce qui est innovant, c’est que ces maillons faibles peuvent résister à des tensions élevées lorsque les pêcheurs remontent leurs casiers, mais lorsque la baleine va mettre de la tension sur le cordage lorsqu’elle est empêtrée, le maillon faible, au bout de quelques minutes, va se déclencher pour faciliter la libération de la baleine. Donc l’innovation réside dans ce double comportement », résume Jérôme Laurent, chercheur industriel chez Merinov.

Mieux encore, le système viendra répondre aux exigences éventuelles du gouvernement fédéral imposées aux pêcheurs d’utiliser des équipements sécuritaires et qui garantissent une meilleure protection pour les mammifères marins, dont la baleine noire de l’Atlantique Nord, une espèce en voie de disparition depuis 2005 en vertu de la Loi sur les espèces en péril.

Selon le Marine Mammal Protection Act (MMPA), les produits de la pêche exportés vers les États-Unis sont classés selon la fréquence des prises accessoires de mammifères marins. Dans ce contexte, le pays exportateur – le Canada en l’occurrence ici – doit démontrer qu’il impose des mesures pour réduire ces prises accidentelles. L’enjeu est majeur puisque le Canada exporte plus de 60% de ses produits de la mer aux États-Unis. Cette proportion augmente à 80% pour la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.

« Je suis convaincu que cette technologie va répondre à la fois aux attentes des pêcheurs et de Pêches et Océans Canada, parce que l’équipement est facile d’utilisation pour les pêcheurs, il ne change pas leurs habitudes et il permet à une baleine de se désempêtrer plus facilement en diminuant la tension de façon importante. C’est gagnant pour tout le monde », se réjouit pour sa part Daniel Desbois, lui-même pêcheur de crabe des neiges, président de l’Association des crabiers gaspésiens et copropriétaire des Industries Fipec.

La commercialisation et la mise en marché seront assurées par trois partenaires d’affaires, dont Daniel Desbois. Les premiers prototypes ont été testés à l’été 2022 au large de Grande-Rivière et de Newport, avant d’être améliorés cette année pendant la saison froide. D’autres tests en mer se feront pendant l’actuelle saison de pêche et plusieurs dizaines d’autres prototypes devraient être fabriqués, selon le financement qui suivra.

En détail

Le seuil de rupture pour les baleines a été établi à 1700 livres et le seuil pour les casiers de pêche au crabe des neiges à 3500 livres, en se basant sur les données scientifiques recueillies par les équipes de Merinov à bord des bateaux de pêche.

De son côté, le centre intégré de recherche appliquée a réuni le financement nécessaire au projet, a défini les besoins des pêcheurs, a agi comme interlocuteur entre eux et les spécialistes en mammifères marins, tout en mettant en place le protocole scientifique à respecter lors des essais en mer.

Pour sa part, l’équipe de génie de l’UQAR a conçu et assuré le prototypage de cette technologie, tout en mettant à l’épreuve les prototypes sur son banc d’essai.

©Photo Merinov

La biomasse du stock commercial de crabe des neiges était estimée à 80 950 tonnes en 2021 dans le sud du golfe Saint-Laurent (zones 12 et 19).

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