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09 mars 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

L’UMQ préoccupée par les démissions municipales

PETITE-VALLÉE

Daniel Côté

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Daniel Côté, président de l’UMQ et préfet de La Côte-de-Gaspé.

Le 10 février 2022, Genade Grenier a remis sa démission comme maire de Saint-Godefroi, petite municipalité de 350 habitants de la Baie-des-Chaleurs. Ce dernier se disait victime d’intimidation.

Début mars, Francine Ouellet-Leclerc quittait aussi la mairie, cette fois à Saint-Jean-de-Cherbourg dans La Matanie, évoquant devoir prendre soin de sa mère atteinte d’Alzheimer. La municipalité compte 179 habitants. Dernier épisode au feuilleton, la démission de Mélanie Clavet comme première magistrate de Petite-Vallée, 165 habitants.

Elle a expliqué sa décision par le contexte actuel difficile du monde municipal pour les petites communautés comme la sienne « qui se déchirent à coup de menaces et d’agressions verbales ».

Cette dernière n’a pas commenté publiquement, mais laisse ouvertement entendre des épisodes d’attaques personnelles, partageant du même coup sur sa page Facebook le code d’éthique et déontologique des élus municipaux qui souligne « l’interdiction de se comporter de façon irrespectueuse envers les autres membres du conseil municipal, les employés municipaux ou les citoyens par l’emploi, notamment, de paroles, d’écrits ou de gestes vexatoires, dénigrants ou intimidants ».

Son maintenant ex-collègue préfet de La Côte-de-Gaspé, Daniel Côté, est bien positionné pour avoir un regard intérieur sur les dynamiques municipales et le rôle des élus, celui-ci étant également maire de Gaspé et président de l’Union des municipalités du Québec. Il souligne d’emblée que beaucoup de travail reste à faire pour valoriser la fonction de l’élu municipal et bien faire comprendre leur rôle actuel.

« Il y a encore trop de gens qui pensent que c’est la même chose qu’en 1940. Les responsabilités des municipalités ont augmenté de façon marquée. Les élus prennent une place importante et ont une influence majeure dans le milieu supra local, régional et national, parce qu’il faut influencer les décisions en fonction de nos responsabilités. Les attentes augmentent, mais le déclic ne s’est pas encore fait à l’égard de la valeur du travail des élus municipaux. »

Salaire et considération

 

Daniel Côté est d’ailleurs d’avis que les petites municipalités auraient davantage intérêt à mieux rémunérer les élus pour tenter de dénicher de nouveaux talents.

« Dans une municipalité de 165 habitants, ça prend pratiquement une mairesse à temps plein. Pourquoi? Parce qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir plein de ressources humaines pour l’entourer. Ici à Gaspé je le dis souvent, je suis chanceux avec une belle équipe autour de moi et même avec ça, je dois occuper la fonction à temps plein. Quand j’arrive dans de petites municipalités comme Petite-Vallée, Grande-Vallée, Cloridorme ou Murdochville qui n’ont pas les moyens d’avoir du staff autour des élus, ils doivent en faire plus pour que ça roule. Si on veut attirer de jeunes talents, on doit commencer par les payer et que le peuple comprenne quelle est leur responsabilité et la valeur de la fonction en 2023. »

Mélanie Clavet Délisca Ritchie-Roussy

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Mélanie Clavet, ex-mairesse de Petite-Vallée, Délisca Ritchie-Roussy, mairesse de Murdochville, et Noël Richard, maire de Grande-Vallée, lors d’une annonce de la ministre Diane Lebouthillier à Gaspé.

Les conditions financières reliées à la tâche étaient d’ailleurs citées par Mélanie Clavet comme l’une des deux raisons à l’avoir incité à quitter son poste. En 2019, la mairie de Petite-Vallée venait avec une rémunération de 6 710$, contre 2 236$ pour les conseillers.

« Il faut que le salaire vienne avec, plaide Daniel Côté. Il faut les payer en conséquence. Je ne connais pas un jeune sauf s’il est indépendant de fortune qui va aller travailler comme élu municipal à 6000$ par année et sacrifier par en arrière sa profession. »

Le président de l’UMQ indique par ailleurs qui son organisation est déjà à pied d’œuvre pour tenter une offensive afin de démystifier le rôle des élus et faire comprendre les limites imposées par les cadres juridiques.

« On a un plan de match en élaboration là-dessus pour justement éclaircir le rôle de l’élu et ultimement éviter les menaces et l’intimidation. Il faut aussi comprendre les limites du mandat. Si la loi ne le permet pas, un élu municipal ne peut pas changer les lois provinciales et fédérales », précise Daniel Côté, qui souligne en terminant le travail effectué par son ex-collègue et ex-mairesse de Petite-Vallée.

 « C’est une collaboratrice d’exception; une personne très créative, passionnée et enthousiasme. J’ai beaucoup aimé travailler avec elle et c’était un actif important au sein de la MRC. Ça me fait de la peine de voir qu’elle parte. »

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