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14 février 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Une table de concertation pour le transport ferroviaire

GASPÉ

Train VIA Rail

©Photo Gracieuseté Marielle Guay

Le compteur est aujourd’hui à 4084 jours, soit 11 ans, 2 mois et 4 jours, depuis le dernier train de VIA Rail à Gaspé.

Acteurs de la société civile, groupes citoyens et élus se regroupent pour former la Table d’échange et de mobilisation sur le transport ferroviaire en Gaspésie.

La réhabilitation du chemin de fer continue de susciter de l’intérêt, mais aussi des inquiétudes et des préoccupations. Les membres de la Table – dont font partie pour l’instant Solidarité Gaspésie, le Coalition des gaspésiens pour le retour du train, le Comité des citoyens pour le développement, la Chambre de commerce de La Côte-de-Gaspé, le Regroupement des MRC de la Gaspésie et la Société du chemin de fer de la Gaspésie – veulent incidemment partager de l’information sur le transport ferroviaire tout en prenant position sur certains enjeux. Deux axes prioritaires ont d’ailleurs été identifiés.

Primo, l’établissement d’un échéancier crédible et clair pour ramener le train de marchandises et de passagers jusqu’à Gaspé. Deuxio, le retour du train de passagers Via Rail jusqu’à New Carlisle dès que les travaux seront terminés.

Pour le premier point, à peu près à la même date l’an dernier, le ministère des Transports repoussait de deux ans à 2024 la mise en service du tronçon entre Caplan et Port-Daniel-Gascons. Du même coup, l’échéancier pour la portion entre Port-Daniel-Gascons et Gaspé, initialement prévu pour 2025, a été retiré et aucune nouvelle date n’a été avancée depuis. La Table aimerait avoir l’heure juste le plus rapidement possible.

« On pourrait avoir dans les prochains mois un échéancier sur le dernier tronçon. On espère aussi un calendrier par étape, que ce soit par exemple jusqu’à Chandler ou ailleurs », explique Carol Saucier, porte-parole de la Table et représentant de Solidarité Gaspésie, en compagnie de Marie-Josée Dugas.

Le lancement de cette Table est la suite logique de la sortie publique effectuée l’an dernier par le Comité de citoyens pour le développement et Solidarité Gaspésie, qui notaient déjà que la mobilisation citoyenne était plus que nécessaire pour poser des actions structurées et efficaces.

Les deux groupes avaient aussi dénoncé la lenteur des démarches pour la réhabilitation du rail gaspésien. Il avait par exemple fallu attendre un peu plus de 20 mois entre deux appels d’offres, de juin 2020 à février 2022. Un rapport d’une soixantaine de pages rédigé par Lelièvre conseils avait été présenté. L’une des recommandations était d’établir un canal de communication avec la Table des préfets, ce qui est maintenant fait puisque Mathieu Lapointe, président du Regroupement des MRC de la Gaspésie, siège maintenant aussi à la Table sur le transport ferroviaire.

« Plutôt que de travailler chacun de son côté pour faire revenir le plus rapidement possible le train jusqu’à Gaspé, on s’est dit qu’il serait peut-être intéressant de mettre la main à la pâte tous ensemble. Ça va aussi nous donner davantage de poids auprès du ministère [des Transports et de la Mobilité durable] », ajoute Carol Saucier.

D’autres joueurs pourraient venir s’asseoir à la Table et une main est tendue vers les nouveaux députés de la CAQ dans Gaspé et Bonaventure. Stéphane Sainte-Croix avait indiqué plus tôt que le projet de réhabilitation du chemin de fer jusqu’à Gaspé était un dossier crucial pour le développement de la région.

Passagers demandés

 

Quant au retour de VIA Rail, la haute direction a déjà signifié qu’elle ne reviendrait que lorsque le tronçon serait réhabilité dans son ensemble, jusqu’à Gaspé. La Table exhorte plutôt le transporteur à reprendre son trajet sud-gaspésien dès que les travaux du deuxième tronçon seront terminés, au plus tard en 2024.

Dans le passé, VIA Rail avait offert le trajet de Matapédia à New Carlisle pendant une quinzaine de mois entre mai 2012 et août 2013, moment où tout était tombé en arrêt indéfini. « On veut faire pression auprès de VIA Rail pour ne pas attendre jusqu’au retour jusqu’à Gaspé et opérer jusqu’à New Carlisle. On veut le travailler à court terme, mais ça risque d’être assez costaud », concède Carol Saucier.

Le candidat péquiste dans Bonaventure aux dernières élections, Alexis Deschênes, avait tenté d’utiliser la voix juridique avec une mise en demeure afin d’inciter le transporteur à offrir de nouveau sa desserte dès que possible en vertu de la politique nationale des transports, qui prévoit un système accessible à tous. La démarche avait cependant fait chou blanc.

Carol Saucier

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Carol Saucier, porte-parole de la Table et représentant de Solidarité Gaspésie en compagnie de Marie-Josée Dugas.

Les astres semblent tout de même alignés pour la réfection complète du rail jusqu’à Gaspé. Une douzaine d’entrepreneurs ont répondu à l’appel d’intérêt lancé par Québec l’an dernier. Les sommes nécessaires pourraient se chiffrer entre 250 et 350 millions de dollars, ce qui ne semble pas rebuter l'actuel gouvernement.

« Les signaux sont positifs de la part du gouvernement du Québec et de Mme Geneviève Guilbault. Le ministère aurait nettement l’intention de mener à terme le rail jusqu’à Gaspé, en étant conscient des coûts et ça ne serait pas un empêchement, évalue Carol Saucier. La question du train, c’est excessivement important pour accroître le développement socioéconomique de la région, mais aussi un outil de transport important quant à la transition écologique avec moins de gaz à effet de serre pour la marchandise qu’avec des camions lourds. Quand je regarde ce que le gouvernement est prêt à faire pour le troisième lien à Québec, il faut mettre les choses en perspective. »

Ce dernier cite en exemple l’éventualité de la reprise des activités de la mine de cuivre à Murdochville, qui aurait certainement besoin du rail si le promoteur devait acheminer le minerai vers la fonderie Horne en Abitibi, comme il serait logique de le faire.

En terminant, bien que cette Table travaille actuellement sur le transport ferroviaire, la porte est ouverte pour qu'ultérieurement la société civile s'implique activement à propos d’autres dossiers de développement de la Gaspésie, comme la crise du logement, les changements climatiques ou la transition énergétique. « Ça ouvre des perspectives intéressantes en termes de concertation avec les préfets afin de se mettre à table sur d’autres enjeux », conclut Carol Saucier.

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