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08 février 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

L’Assemblée nationale condamne la suppression d’une circonscription fédérale

QUÉBEC

Redécoupage

©Image tirée du site Web de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec.

Un député de la nouvelle circonscription Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine-Listuguj représenterait les citoyens de L’Ascension-de-Patapédia jusqu’à Baie-des-Sables, soit près de 700 kilomètres de villages côtiers, sans compter Murdochville au cœur de la péninsule ni les Îles-de-la-Madeleine.

Le Parti libéral du Québec a déposé mardi une motion afin que l’Assemblée nationale condamne la récente recommandation de supprimer la circonscription fédérale d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia.

« C’est une atteinte directe à la démocratie et à la représentativité des régions qui ont pourtant un poids économique très important », a commenté sur Twitter celui qui a présenté cette motion, Monsef Derraji, député de Nelligan et leader parlementaire de l’opposition officielle. La motion a été adoptée à l’unanimité.

L’immensité du territoire est notamment cité comme argument afin de faire changer de fusil d’épaule la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec. Cette dernière se range plutôt derrières des considérations mathématiques pour étayer sa recommandation de supprimer une circonscription en Gaspésie et de répartir les MRC orphelines à l’est et à l’ouest.

Les Îles et 700 km de côtes

 

Dans la mouture actuelle, un député de la nouvelle circonscription Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine-Listuguj représenterait les citoyens de L’Ascension-de-Patapédia jusqu’à Baie-des-Sables, soit près de 700 kilomètres de villages côtiers, sans compter Murdochville au cœur de la péninsule ni les Îles-de-la-Madeleine, qui ne peuvent être accessibles que par avion dans des délais raisonnables pour un élu. La nouvelle circonscription enjamberait d’ailleurs deux régions puisque La Matanie se situe au Bas-Saint-Laurent. 

Après des audiences publiques un peu partout sur le territoire, les commissaires Louis Massicotte, André Blais et le président Jacques Chamberland ont balayé du revers de la main l’argumentaire géographique pour essentiellement se ranger derrières des arguments mathématiques. Par équité, chaque circonscription doit s’approcher autant que possible de 108 998 citoyens, avec un écart de plus ou moins 25%. La suppression d'une circonscription dans l'Est-du-Québec est accompagnée par l'ajout d'une circonscription dans les Laurentides, afin de conserver les 78 sièges de la province.

La Commission a été invitée à utiliser un dispositif de la loi évoquant des « circonstances extraordinaires » pour déroger aux règles habituelles et l'appliquer cette fois-ci aussi bien à la circonscription de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine qu'à celle d'Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia, qui en a bénéficié en 2012. Un fait rare et qui à leurs yeux n’est pas un droit acquis.

« La Commission est convaincue que la base statistique sur laquelle ses travaux doivent être fondés est le chiffre de la population lors des recensements de 2011 et de 2021 [...] une circonscription qui selon une commission présente des circonstances extraordinaires lors d'un redécoupage, comme Avignon-La Miti-Matane-Matapédia en 2012, peut cesser d'en présenter lors d'un redécoupage suivant aux yeux de la commission du moment [...] La superficie des deux circonscriptions ne peut justifier le recours à la disposition invoquée. »

L’ire des élus

 

Plusieurs ne décolèrent pas depuis le dépôt du rapport de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec, tant en Gaspésie qu’au Bas-Saint-Laurent. Les députées bloquiste Kristina Michaud (Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia) et libérale Diane Lebouthillier (Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine) ont vertement critiqué la proposition des commissaires la semaine dernière. Elles ont promis de faire front commun pour tenter de convaincre un comité formé de leurs homologues fédéraux, qui à son tour émettra ses recommandations aux commissaires.

Plus localement, la Table régionale des élu(e)s municipaux du Bas-Saint-Laurent a elle aussi critiqué la décision de supprimer une circonscription dans l’Est-du-Québec.

« On constate l’entêtement des commissaires à privilégier une logique comptable au détriment de la qualité de la représentation démocratique pour les régions rurales. Non seulement nous n’avons pas été entendus, mais on a l’impression que ce nouveau rapport n’a d’autres objectifs que de nous rabrouer comme des enfants », expliquait récemment Michel Lagagé, préfet de la MRC de Rivière-du-Loup et président de la Table.

« Tout au long du rapport, ils s’évertuent à déconstruire chacun de nos arguments, sans jamais reconnaître l’impact désastreux qu’a la disparition de la voix des régions pour la démocratie canadienne », renchérit la mairesse d’Amqui, Sylvie Blanchette.

« Il y a un équilibre à respecter si on veut que les gens des régions soutiennent un système qui les désavantage en tout point », conclut de son côté le maire de Matane, Eddy Métivier.

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