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19 décembre 2022

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Encore du chemin à faire en transport aérien

VOLS RÉGIONAUX

Aéroport Gaspé

©Photo Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

L’aéroport Michel-Pouliot de Gaspé est le quatrième à avoir accueilli le plus de clients du programme de billets allers-retours à 500$. 

Les problèmes reliés au transport aérien régional sont loin d’être résorbés. Il suffit de tendre l’oreille pour entendre des histoires de clients abasourdis. 

Dans les médias seulement, Radio-Gaspésie rapportait cet été l’histoire d’une quinzaine de passagers se rendant vers les Îles-de-la-Madeleine qui ont dû passer la nuit à l’aéroport Michel-Pouliot en raison d’un bris mécanique de leur avion (les hébergements étaient tous complets à cette période). 

Le site web MaGaspesie.ca racontait un peu plus tôt les péripéties du conseiller municipal de Gaspé, Réal Côté, dont le vol de 12 h 30 à Québec pour le ramener au bercail a été retardé quatre fois dans la même journée, avant d’être finalement annulé. Un taxi, un hôtel et une journée plus tard, c’est un avion sans salle de bain et sans agent de bord qui l’a rapporté à la maison. 

Dans Le Soleil, on apprenait qu’un père de famille et son bébé de 10 mois ont été refusés pour un vol de Gaspé vers Québec. La raison? Ils étaient arrivés cinq petites minutes après la fin prévue de l’embarquement. L’avion était encore sur le tarmac, porte ouverte et bagages en train d’être transférés dans l’appareil. Le père et son bambin ont dû faire 8 heures de route vers la capitale pour ces 300 secondes de retard.  

Un employé de Radio-Canada qui devait se rendre travailler aux Îles-de-la-Madeleine pendant la fin de semaine – encore une fois en plein été avec une météo particulièrement enviable – racontait en privé qu’il a manqué son affection après que son vol eut été annulé, sans raison évoquée. 

Et ça, ce ne sont que les histoires rapportées dans les médias. Et à Gaspé seulement. Gageons qu’il y en a d’autres, ici et ailleurs, et qu’elles dépassent la simple anecdote. On pourrait ajouter celle du maire Daniel Côté qui devait se rendre à Thetford Mines du 25 au 27 octobre pour assister au Sommet international de l’innovation en villes médias. Son vol d’aller ET son vol de retour ont été annulés. La proposition du transporteur pour résoudre le problème? Un vol aller le 23 pour un retour le 24, soit la veille du début du sommet. « Même si on pense que tout le monde a fait son bout de chemin [dans le dossier du transport aérien régional], on va se dire les vraies affaires, on n’a pas encore le service qu’on mérite », lance-t-il de but en blanc. Au fédéral, la députée Diane Lebouthillier pourrait aussi en témoigner pendant longtemps. 

Programme mitigé 

Le programme de billets aller-retours à 500$ lancé en avril par le gouvernement du Québec n’a pas été une panacée. Les 98 800 billets mis à la disposition des usagers – dont le tiers en direction des Îles-de-la-Madeleine – n’ont pas connu une grande popularité jusqu’ici. 

Selon les chiffres du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), seuls l’équivalent de 21 286 allers-retours ont trouvé preneur après six mois, soit 21,5% du total disponible. À Québec, on reste tout de même optimiste. « À mesure que la population se familiarisera avec le programme, de plus en plus de personnes pourront profiter de ces billets à tarifs réduits, notamment lors de la planification de leurs prochaines vacances estivales », explique Louis-André Bertrand, porte-parole à la Direction générale des communications au MTMD. 

Le maire de Gaspé et président de l’Union des municipalités du Québec est pour sa part moins convaincu. Il a rencontré la semaine dernière la nouvelle ministre aux Transports, Geneviève Guilbault, afin de lui faire part de la problématique. 

L’enjeu est tel que le Comité sur le transport aérien de l’UMQ est relancé afin de tenter de trouver des solutions une bonne fois pour toute. Force aussi est de constater que le sommet sur le transport aérien régional organisé en février 2018 n’aura pas eu les effets escomptés presque cinq ans plus tard. Les billets à 500$ – qui rappelons ne sont disponibles que pour les aéroports de Montréal et de Québec – n’ont pas réglé le problème. Pas jusqu’ici à tout le moins. 

L’incitatif est encore jeune, certes, mais le président de l’UMQ croit davantage que la fiabilité des vols doive être amélioré au-delà de l’accessibilité. « Quand les horaires changent à la dernière minute, que les vols ne sont pas les mêmes selon la journée, qu’il y a des annulations à tout bout de champ sans que la météo soit en cause, ça n’aide pas à sécuriser la clientèle. On l’a adressé aux transporteurs et on l’adresse aussi à Québec. C’est loin d’être optimal et les programmes gouvernementaux n’ont pas nécessairement livré la marchandise. Est-ce que la piste de solution passe par un meilleur financement des transporteurs, par une refonte complète du modèle? Collectivement, il faut se pencher de nouveau sur la chose pour trouver quelque chose de plus durable », conclut Daniel Côté. 

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