22 juin 2022

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

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©Photo Pascale Llobat - Ministère de la Culture et des Communications

La maison Biard est située sur la rue du même nom à Percé.

Le directeur général et artistique des Percéides, François Cormier, a l’habitude en saison estivale de louer cette vaste demeure comprenant neuf chambres, afin d’y loger des artistes pendant son festival de cinéma. Sauf que cette fois, il s’est buté à des portes closes, se faisant répondre qu’il ne pourrait utiliser la demeure puisqu’elle devrait bientôt être affichée sur le site d’un courtier immobilier.

Ce dernier préférerait et de loin que l’Université Laval cède à la communauté culturelle de Percé la maison Biard via Les Percéides, qui en serait le gestionnaire principal, au lieu de la voir tomber dans les mains du secteur privé. Une rencontre d’urgence avec la rectrice a été sollicitée pour trouver une alternative. « Ç’a été une fin de non-recevoir. Ils ont simplement dit qu’ils ne pouvaient pas répondre favorablement à notre demande et que la maison allait mise en vente auprès d’un courtier », explique François Cormier. Dans les circonstances, il demande à la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, un moratoire sur l’éventuelle vente de la maison Biard.

Enjeu de logement

Comme un peu partout ailleurs au Québec, le problème de logement est palpable à Percé. L’an dernier, le CIRADD (Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable) a dévoilé une étude faite auprès des municipalités de la Gaspésie de 2 500 à 10 000 habitants. Le taux d’inoccupation des appartements et des maisons en rangée était de 0 % dans quatre des cinq municipalités pour lesquelles une statistique fiable et valide pouvait être calculée, dont Percé.

Québec vient aussi récemment de faire de la villa Frédéric-James – la résidence située sur le cap face au célèbre rocher Percé – son Espace bleu de la Gaspésie. « Il n’y a pas de résidence d’artiste à Percé et on vient d’être désigné pour l’Espace bleu. Il y a des questions à se poser sur une forme de cohérence de tout cet enjeu [...] Ça nous permet d’accueillir un nombre d’artistes qu’on considère important pour nous. Si on perd ce bien-là, ça va freiner le développement culturel dans toute la MRC et notre grande communauté », analyse le directeur général et artistique des Percéides, dont le mandat est de mettre en lumière le jeune cinéma d'auteur contemporain et les arts numériques en Gaspésie

Celui-ci dit cependant sentir une certaine ouverture auprès du ministère de la Culture et des Communications, auquel il a adressé hier soir sa demande de moratoire. Déjà l’an dernier, les Percéides avaient dû insister pour faire ouvrir la maison Biard, qui a bien failli demeurée placardée pour l’été n’eut été quelques pressions politiques. « J’ai dû appeler au cabinet de Jonatan Julien [ministre responsable de la Gaspésie] parce qu’ils [l'Université] ne voulaient pas l’ouvrir. Ç’a été tardif, mais finalement a réussi. Je pense qu’il y a un manque de compréhension de la situation quelque part », conclut François Cormier

Rappelons qu’en 1901, le Jersiais Charles Biard a installé sur la grève de l'Anse du Nord à Percé son entreprise de pêche, ainsi que le Biard's Beach Hotel. De ce domaine aux nombreuses cabines, il ne reste aujourd'hui que la maison faisant face au Rocher et qui fait partie intégrante du site patrimonial de Percé.

L'Université Laval a acquis cette maison à des fins éducatives et de formations artistiques en créant l'École internationale d'été de Percé il y a environ 20 ans, au même moment où elle faisait l’acquisition de la villa Frederick-James. L'Université Laval a décidé il y a trois ans de mettre fin à ses activités académiques à Percé.

*Ni l’Université Laval ni le ministère de la Culture et des Communications n’avaient répondu au courriel envoyé par le Gaspésie Nouvelles au moment de mettre sous presse. Leur réaction suivra sous peu dans un second article disponible ici.