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15 juin 2022

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Y a-t-il un conducteur dans la locomotive?

GASPÉ

Amiral

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le train touristique l'Amiral est cloué en gare depuis 2015.

Excédés par les échéanciers qui ne sont pas respectés et la lenteur des démarches pour ramener les trains jusqu’à Gaspé, le Comité de citoyens pour le développement ainsi que Solidarité Gaspésie exhortent le gouvernement du Québec à émerger de son laxisme.

Les deux groupes citoyens jettent un pavé dans la mare en se questionnant sur l’importance des régions comparativement aux grands centres. Le REM de Montréal – un projet de plus de 7 milliards de dollars – passera probablement de sa première pelletée de terre en 2018 à sa mise en opération complète en 2024 avant qu’un train de VIA Rail ne revienne à la gare de Gaspé, chose qui n’a pas été vue depuis décembre 2011.

En février, l’échéancier 2025 initialement prévu a été retiré, sans aucune nouvelle date à encercler au calendrier. De quoi exaspérer Carol Saucier, le porte-parole de Solidarité Gaspésie. « C’est absolument inacceptable. La première priorité, c’est d’exiger un échéancier précis et ferme! »

Il s’agit d’ailleurs de l’une des neuf recommandations soumises dans un rapport d’une soixantaine de pages rédigé par Lelièvre conseils et présenté ce matin devant public à la gare intermodale de Gaspé ... inaugurée en 2013 et qui n’a d’ailleurs jamais pu accueillir un train de VIA Rail, vétusté du rail oblige.

Est aussi suggéré que le tronçon ferroviaire entre Gaspé et Percé soit remis en opération de façon prioritaire pour un retour dans les plus brefs délais du train touristique l’Amiral. Ou encore que le dossier dans son ensemble soit retiré de la Société québécoise des infrastructures (SQI), pour le confier à la direction régionale du MTQ et à la Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG).

« Est-ce que la SQI détient les compétences nécessaires pour mener à terme un dossier ferroviaire? Le dossier doit-il retourner sous la gestion directe du MTQ et de la SCFG qui, ensemble, avaient mené avec succès les phases antérieures du tronçon Matapédia-Caplan? », s’interrogent en chœur Carol Saucier et Mauril Minville, ce dernier étant porte-parole du Comité de citoyens pour le développement.

Selon le rapport rédigé par l’ex-député Gaétan Lelièvre, ce serait près de 10 directeurs, directrices et titulaires de postes-cadres au sein de la direction des services ferroviaires, maritimes et aériens du MTQ qui se seraient succédé depuis 2015.

Train

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Carol Saucier, porte-parole de Solidarité Gaspé, Mauril Minville, porte-parole du Comité de citoyens pour le développement, et Gaétan Lelièvre, ex-député de Gaspé et auteur du rapport sur le réseau ferroviaire gaspésien.

Peu d’avancées

 

Dans un article du Soleil daté de février dernier, le collègue Gilles Gagné rappelait que depuis l’annonce de la réhabilitation du rail entre Matapédia et Gaspé le 5 mai 2017 par le premier ministre de l’époque, Philippe Couillard, pas un seul kilomètre supplémentaire n’avait été mis à la disposition de la SCFG, qui exploite ce tronçon ferroviaire pour les marchandises. Rien pour rassurer les intervenants tant du milieu économique qu’environnemental.

« Il est reconnu à travers le monde que le transport des personnes et des marchandises s'avère une condition de base essentielle au développement et à l’occupation décente d’un territoire. Aujourd'hui, le train s'avère être une alternative écoénergétique moins nocive pour l'environnement et les études scientifiques montrent que comparativement aux autres modes de transport, toutes les formes de chemin de fer atteignent la meilleure performance. En effet, le train génère en moyenne six fois moins d'empreinte carbone que le camionnage », explique Carol Saucier.

Comment alors expliquer l’inertie du gouvernement et un certain manque de volonté politique local, dixit le Comité de citoyens pour le développement ainsi que Solidarité Gaspésie? Politiquement, Gaétan Lelièvre constate que les élus ont souvent les mains liées puisque la concertation régionale fait défaut depuis l’abolition la Conférence régionale des élus et que ceux-ci ont souvent d’autres projets d’infrastructures primordiales à faire avancer, avant critiquer la lenteur du dossier ferroviaire.

« Je les sens un peu désarmés face au gouvernement. On a un problème structurel », résume-t-il. « Le chemin de fer de la Gaspésie peut être considéré comme un échec évident sur le plan de l'efficacité de la gestion d'un dossier majeur et de l'avancement des travaux », ajoute Gaétan Lelièvre.

Son rapport n’est d’ailleurs pas tendre et indique qu’au rythme où vont les choses, il faudra plus de temps au MTQ pour réparer partiellement le chemin de fer de la Gaspésie que sa construction complète un siècle plus tôt avec des moyens technologiques quasi inexistants.

Les deux groupes citoyens rappellent par ailleurs qu'il ne faut pas oublier ceux qui doivent se rendre dans les grands centres pour des soins médicaux et pour les étudiants et les ainés dépourvus d'autre moyens de transport. « La mobilisation citoyenne est maintenant plus que nécessaire pour poser des actions citoyennes structurées et efficaces, car sans celle-ci, les espoirs d’un retour du service ferroviaire jusqu'à Gaspé serait peut-être annihilés, puisqu'au fil du temps, le dossier ne semble pas bénéficier d'un réel porteur politique ni régional ni national. Bref, le dossier du train gaspésien ressemble à un dossier orphelin », concluent le Comité de citoyens pour le développement et Solidarité Gaspésie.

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