Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Faits Divers

Retour

01 juin 2022

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Sauvetage en mer pour Stéphane Dunn et son équipage

GASPÉ

Stéphane Dunn

©Photo gracieuseté d’Isabelle Turbide

Stéphane Dunn est un loup de mer avec beaucoup d’expérience, ayant commencé dans le milieu à l’âge de 16 ans.

Le capitaine Stéphane Dunn et son équipage ne s’attendaient pas à devoir secourir quatre autres pêcheurs du Nouveau-Brunswick dont l’embarcation venait de couler lorsqu’ils ont pris la mer lundi soir, au large de Gaspé.

En raison de la présence d’une baleine noire et d’une fermeture de zone de pêche, les membres du Pointe-de-l’Est – comprenant Marc-Antoine Dunn, le fils de Stéphane, ainsi que Johnny Dumaresque et Tony Preston – étaient en pleine opération de déménagement de casiers de crabe lorsqu’ils ont capté un appel à l’aide sur leur radio de bord. Rien jusque-là pour écrire à sa mère. « On en entend environ quatre par année », estime Stéphane Dunn, originaire de Rivière-au-Renard et habitant maintenant à Cap-aux-Os.

En plus de 30 ans de métier – il a débuté sa carrière dès l’âge de 16 ans – il en aura entendu souvent de ces appels de détresse. L’embarcation dans laquelle il prenait part était cependant toujours trop loin pour intervenir. Mais pas cette fois.

« On a rentré la position fournie par la Garde côtière et on a vu que c’était nous les plus proches, que c’était à nous de se rendre. Habituellement on entend un mayday et ils donnent leur position, mais là c’était pressant leur affaire. Ils ont juste eu le temps de dire qu’ils étaient quatre à bord et qu’ils quittaient le navire et ç’a arrêté là », explique celui qui pêche surtout le poisson de fond – le flétan et le turbot – mais qui possède aussi un petit permis pour le crabe des neiges.

Le Pointe-de-l’Est est alors à environ 6 à 7 milles nautiques (l’équivalent de 11 à 13 kilomètres terrestres). Sa vitesse de pointe étant d’environ 8 nœuds (un peu moins de 15 km/h), l’embarcation pourrait y être en moins d’une heure. Mais encore faut-il retrouver tout le monde sain et sauf.

« Avec les conditions et les casiers dans le bateau, c’était assez particulier de se diriger vers là. Il ventait à 25-30 nœuds du nord-ouest avec des vagues de deux mètres. On a mis les gaz au fond vers la position. On regardait avec les jumelles et on voyait un petit point noir qui ressemblait comme à une maison. Avec mon gars de pont on se demandait si c’était vraiment ça même si ça ne ressemblait pas à un bateau. On l’a perdu après 10 minutes [...] On avait l’adrénaline dans le plancher. On a navigué à la mitaine en lâchant pas la barre une seconde. Quand on a vu le bateau coulé, c’est monté d’une coche parce qu’on se demandait si les gars étaient encore en vie », explique le capitaine.

Heureusement, l’équipage a pu garder le cap et se rendre aux coordonnées partagées par la Garde côtière canadienne. En coulant, le bateau de pêche néo-brunswickois a aussi permis d’orienter les marins. « C’est bizarre à raconter, mais on voyait comme une lumière sous l’eau. C’était son spot à glace qui marchait encore dans le fond de l’eau et qui éclairait par en haut, ajoute Stéphane Dunn. C’était spécial; ça faisait un gros reflet. Là on était sûrs à 100% qu’on était à la bonne place! Après deux ou trois minutes, on a aperçu le bateau de survie. Quand on a vu que tout le monde était là, je sais pas si c’est l’adrénaline qui fait ça mais tu deviens les yeux plein d’eau de joie et les émotions arrivent! »

Stéphane Dunn

©Photo gracieuseté d’Isabelle Turbide

Stéphane Dunn à droite avec l’un des pêcheurs secouru en mer.

Heureusement, le Pointe-de-l’Est avait à son bord ses équipements de secours comme un filet et des échelles. Même si la partie n’était pas jouée pour autant, le savoir-faire de l’équipage a permis de rapatrier tout le monde à bord. « Un bateau ça se place pas comme une voiture dans un stationnement. Avec le courant, ça pousse! On a réussi à se mettre sur le côté dans le vent; les vagues frappaient et passaient par-dessus le bateau. On a atteint leur embarcation et ç’a pris 40 minutes à les monter à bord », renchérit le pêcheur.

Tout le monde est finalement arrivé à quai sain et sauf vers 1 h 30 du matin au quai de Grande-Rivière. Impossible pour l’instant de déterminer les causes exactes du naufrage, mais un bris mécanique demeure l’hypothèse la plus probable. Après quelques jours à décanter leur aventure et une bonne douche chaude, les membres d’équipage du Pointe-de-l’Est devraient reprendre la mer ce vendredi, non pas sans pouvoir ajouter une bonne histoire dans leurs bagages. « On a juste fait ce qu’on devait faire », conclut humblement Stéphane Dunn.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média