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03 mars 2022

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

L’invasion russe vue par un étudiant ukrainien vivant à Gaspé

SUNNY BANK

Oleksii Pivtorak

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Oleksii Pivtorak devant le drapeau ukrainien hissé sur l’un des mâts devant l’Hôtel de Ville de Gaspé.

Oleksii Pivtorak et ses parents ont immigré au Canada il y a 8 ans. Partis d’un petit village en banlieue de Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine, ils ont jeté leur dévolu sur Montréal. Lui est ministre de culte et elle est psychologue de formation, enseignant présentement en Éthique et culture religieuse. Amateur de plein, Oleksii a pour sa part déménagé à Gaspé l’an dernier pour suivre une formation en guide d’aventure. Plusieurs membres de sa famille et de ses amis sont en Ukraine, d’où il reçoit des nouvelles à tous les jours.

Comment vivez-vous ce conflit?

 

Chaque journée est de pire en pire. On a des nouvelles de nos familles le matin. On ne dort pas jusqu’à deux heures du matin, puisqu’en Ukraine pour eux il est neuf heures. C’est là qu’on a des informations. Ils ont encore les réseaux sociaux alors j’observe leurs publications et c’est le moyen que j’ai de savoir s’ils sont encore en vie.

 

Les observateurs occidentaux voyaient le nombre de troupes russes augmenté aux frontières de l’Ukraine, sans vraiment oser croire qu’ils y entreraient. De votre côté, comment avez-vous perçu cette escalade?

 

Pour nous c’était différent comme vision. Dans le réseau d’information nord-américain c’était stressant à voir monter, mais en Ukraine malheureusement la guerre était déjà présente à l’Est avec la Crimée et la situation était déjà tendue. Les gens se sont habitués à la guerre et maintenant c’est un nouvel épisode. Ce n’est pas quelque chose de nouveau pour eux. Les gens étaient quand même calmes et jusqu’à maintenant des gens nous rassurent même s’ils vivent en Ukraine. C’est quand même impressionnant.

 

On parle tout de même de l’Ukraine, une société démocratique et indépendante, qui a droit à l’autodétermination. Ça reste une invasion.

 

Dans le contexte actuel, s’ils nous attaquent ça veut dire qu’ils n’ont plus de moyen de contrôle sur le gouvernement ukrainien. C’est maintenant un état qui s’est complètement échappé du contrôle russe, et pour eux, dans leur monde géopolitique, c’est une défaite. Leur seul moyen de nous retourner, c’est de nous attaquer. C’est important pour eux de nous garder sous leur contrôle.

 

Qu’en pense la population russophone en Ukraine?

 

En ce moment avec tout ce qui se passe, même la minorité russe est en choc. On peut en voir qui sont devenus pro Ukrainiens et c’est une réaction qu’on ne s’attendait pas. Je crois que l’attaque massive de la Russie va unir tous les Ukrainiens, que ce soit au niveau politique, social ou culturel. C’est incroyable de constater à quel point l’attaque a eu de l’effet.

 

On observe un relativement bon soutien international, à quelques exceptions près. Qu’en pensez-vous?

 

Déjà quand il y avait 170 000 soldats russes à la frontière, on l’a dit qu’il devait y avoir des sanctions et un soutien. À ce stade, un soutien n’est plus suffisant. Ça prend des actions directes. La question des réfugiés se pose beaucoup présentement. La diaspora et moi on en discute et on organise ce qu’on peut, mais la réaction du Canada est absente. Les démarches pour l’instant sont pour ceux qui habitent déjà ici.

 

Le Canada pourrait en faire plus?

 

Absolument. Ce n’est pas une guerre qui sera finie demain et tout le monde le réalise bien. On remercie beaucoup pour le support financier, mais on s’attend à avoir plus des peuples occidentaux.

 

Ton appréciation du président Zelensky?

 

Avant la guerre, tout le monde se moquait de ce comédien devenu président. Il est devenu un héros national et c’est un personnage fort. Son appréciation au niveau international est reconnue. C’est un personnage important, descendant de survivants juifs. Ça touche le monde entier de voir à quel point l’Ukraine n’est pas juste un stéréotype de pays blanc, mais démocratique, qui a des valeurs et qui inclut tout le monde.

 

Par curiosité, regardez-vous davantage les médias nord-américains ou ukrainiens?

 

J’ai une formation précollégiale en politique et information et je vise à être journaliste. J’ai plusieurs points de vue et suis ouvert à plusieurs sources. Je ne regarde pas les nouvelles russes, j’observe plutôt le point de vue québécois – francophone et anglophone – canadien, ukrainien, et un peu des États-Unis, mais moins.

 

Et est-ce que les médias occidentaux rapportent bien la nouvelle, sans trop de distorsion avec ce qui se passe?

 

C’est assez fidèle oui. Mais il y a certaines choses étranges comme par exemple l’utilisation en russe de Kiev pour parler de la capitale, au lieu du nom officiel Kyiv en ukrainien. On a avisé les médias, parce que pour nous c’est absolument nécessaire qu’on utilise le bon terme Kyiv.

 

Quelle sera la finalité de ce conflit selon toi?

 

Poutine n’est pas un homme de parole. Tout le monde le sait. Il est comme une rivière en Gaspésie, on ne sait pas comment ça va tourner au printemps. Mais avoir des garanties de Poutine, ça ne veut rien dire. La seule solution de l’Ukraine c’est de s’isoler complètement du gouvernement russe. Il n’y a pas d’autre moyen lorsqu’un pays souverain est attaqué. Ce ne sera plus possible d’avoir des relations avec eux. On espère qu’il y aura le moins de dommages militaires possible. Les Ukrainiens sont forts dans leur esprit présentement.

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