21 janvier 2021

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Partager sur les réseaux sociaux

©Martin Guindon - Gaspésie Nouvelles

À Gaspé, le nombre de mises en chantier résidentiel est passé de 24 en 2019 à 79 en 2020. Une hausse de 239%.

La croissance est de 13 % comparativement  à 2019, selon la compilation faite par l’Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ). Fait intéressant, l’organisation a colligé les données de toutes les agglomérations de plus de 10 000 habitants dans la province, pour ensuite les comparer avec les chiffres de l’an dernier. Pas moins de 45 villes ont ainsi été passées au peigne fin. Celle dont le nombre de mises en chantier a le plus augmenté est Mont-Laurier, dans les Laurentides. La croissance dépasse presque l’entendement avec 139 nouvelles constructions en 2020, contre 17 l’année précédente. Il s’agit d’une augmentation de plus de 700%. Suit non loin derrière Matane, à près de 600% (40 vs 6). La dernière marche du podium revient à la Ville de Gaspé, qui a vu son nombre de mises en chantier passer de 24 en 2019 à 79 en 2020. L’augmentation de 229% est considérable. Il s’agit de la troisième plus grande variation dans tout le Québec (voir tableau).

Mais pas assez pour tomber des nus. Déjà en octobre, on savait que le nombre de permis de construction pour des logements locatifs avait triplé, ce qui laissait présager une hausse générale des mises en chantier résidentiel.

Ceci dit, les données sont tout de même encourageantes. « J’étais de ceux qui croyaient que le marché allait demeurer robuste, mais c’est plus optimiste que prévu et au-delà de nos attentes. C’est vraiment exceptionnel comme année », résume Paul Cardinal, directeur du Service économique de l’APCHQ.

Ce dernier rappelle que les taux d’inoccupation des logements locatifs demeurent bas (1,5% selon les dernières statistiques à Gaspé; une mise à jour est prévue le 28 janvier) et que les flux migratoires interrégionaux se sont inversés depuis quelques années, ce qui pourrait expliquer la tendance. « Pour la Gaspésie depuis quatre ans, ç’a changé de côté. Peut-être même que la pandémie peut avoir accéléré les choses. Ça reste le point de départ. S’il n’y a pas de croissance du nombre de ménages, c’est difficile d’observer une expansion de la construction neuve », plaide-t-il.

Paul Cardinal est cependant d’avis que la situation pourrait stagner cette année, notamment en raison de la hausse du coût des matériaux de construction. En septembre, les prix des 2 x 4 et des 2 x 6 étaient en hausse de 50%, ce qui est parfois venu gruger dans les profits des entrepreneurs, qui devront éventuellement ajuster leurs propres prix en freinant du même coup l'ardeur de certains clients. « En 2020, les chantiers étaient déjà signés et les maisons vendues. Les constructeurs ont été obligés d’absorber la hausse et forcément ils vont s’ajuster cette année », conclut le directeur du Service économique

À noter en terminant que des variations peuvent être observées entre les chiffres de l’APCHQ – qui elle-même se base sur le recensement de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) – et le nombre de permis de construction émis par la Ville de Gaspé pour une année donnée. L’APCHQ explique que la SCHL recueille ses statistiques directement sur le terrain, avec un énumérateur désigné. À chaque fois qu’une fondation résidentielle est coulée, on comptabilise la mise en chantier comme effective. D’où le décalage entre les données de la Ville de Gaspé présentées dans le dernier budget sur le nombre de permis émis (74 en 2020, 49 en 2019) et le nombre de mises en chantier réel (79 en 2020, 24 en 2019).