Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Société

Retour

20 janvier 2021

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Le défi de 2021

GASPÉSIE

Déchets Recyclage

©Jean-Philippe Thibault

En adoptant leur budget municipal, autant Percé, Grande-Rivière que Gaspé ont averti leurs citoyens que les comptes de taxes risquaient d’augmenter si un coup de barre n’était pas effectué en 2021 quant à la gestion des matières résiduelles. 

Pour l’instant, c’est le statu quo. Les tarifications ont été gelées pour la collecte des rebuts. Les surplus accumulés ont servi à éponger la hausse des coûts. Le scénario risque cependant d’être différent l’an prochain. À Grande-Rivière, le tarif est demeuré à 250$ par résidence. « Mais si on ne veut pas que ça passe à 300$ par exemple, il va falloir s’assurer que le bac bleu soit bien utilisé. Il va y avoir une augmentation si rien ne change », a résumé le maire Gino Cyr lors de l’adoption du budget municipal. Ce dernier rappelle d’ailleurs que 87% de la quote-part versée à la MRC est consacré aux déchets contre seulement 2% pour le développement économique, enjeu cher pour le maire de Grande-Rivière. « Il y a un effort et une rigueur qui devront être faits. En 2021, le gros défi ça va être la gestion des matières résiduelles », ajoute-t-il.

Les coûts explosent

 

À Gaspé, plus de 10% du budget municipal de 27,9 millions de dollars est dédié aux matières résiduelles, que ce soit pour le lieu d’enfouissement technique (LET) ou pour le centre de tri. Les quotes-parts allouées à la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie (RITMRG) ont d’ailleurs augmenté de 350 000$ en 2021 seulement. La Ville a néanmoins décidé elle aussi d’opter pour la stabilité de ses tarifs de collecte, à 230$ par résidence. La facture aurait facilement pu monter de 50$ par compte de taxes. « Ce sont des coûts colossaux. Cette année on gèle le tarif, mais on ne pourra pas le faire ad vitam aeternam non plus », a averti le maire Daniel Côté lors de l’adoption du budget.

Idem à Percé. Les sommes versées pour la gestion des matières résiduelles représentent 592 000$, sur un total de quotes-parts de 672 000$ à la MRC du Rocher-Percé. La mairesse Cathy Poirier avait d’ailleurs un message d’intérêt public pour sa population. « On a remarqué qu’il y a une diminution de la participation des citoyens. C’est ce qui augmente les frais. Les gens recyclent moins bien qu’avant, il y a des trucs qui se ramassent dans les bacs bleus et les bacs bruns qui n’ont aucune affaire là. Soyez vigilants et attentifs, parce que c’est chacun d’entre nous qui payons la facture à travers les taxes. » 

Si les sommes sont appelées à augmenter, c’est qu’effectivement encore trop de déchets sont envoyés vers l’enfouissement plutôt que vers la revalorisation. Dans Rocher-Percé, parmi les matières résidentielles enfouies, seulement 22 % sont de vrais déchets. Ce sont près de 900 tonnes de matières qui ont été enfouies en 2019, mais qui auraient pu être recyclées, compostées ou valorisées, souligne la RITMRG dans un document informatif envoyé à chacun des ménages en début d’année.

La directrice générale de l’organisme, Nathalie Drapeau, explique que les dépenses ont considérablement augmenté en 2020 pour la gestion des matières résiduelles. « On n’a pas réduit suffisamment l’enfouissement; on n’a pas assez détourné de matières vers les filières de récupération et de valorisation. » Conséquence directe : deux nouvelles cellules d’enfouissement ont été construites plus rapidement que prévu. Rappelons que l’enfouissement des déchets coûte environ deux fois plus cher que le recyclage ou le compostage. « Ç’a fait exploser les dépenses puisque c’est le volet le plus coûteux [...] 2021, c’est là que ça se passe. Il faut donner un coup de barre, changer nos comportements et faire de meilleurs choix. Il faut réduire l’enfouissement coûte que coûte. Chaque geste de chacun, c’est une addition vers le succès. Si une partie de la chaîne n’y contribue pas, on n’y arrivera pas. Il faut que la tendance change. »

Des amendes possibles

 

Pour se donner les coudées franches, la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie a révisé le Règlement relatif à la gestion des matières résiduelles. Tous les citoyens ont maintenant l’obligation de bien trier leurs matières, en utilisant la collecte à trois voies ainsi que l’écocentre, ce qui n’était pas explicitement indiqué dans la mouture précédente du règlement. La sensibilisation sera toujours priorisée, mais des amendes pourraient être distribuées aux récalcitrants qui répètent délibérément des comportements répréhensibles. La facture pourrait être entre 250$ et 300$ pour une première infraction. « Si on constate des comportements inadéquats – pas une erreur de bonne foi avec une barquette de styromousse dans le bac bleu au lieu des déchets par exemple – mais comme des couches ou de la nourriture, et que ça fait trois ou quatre fois qu’on le dit via des billets de courtoisie, oui on va se rendre à un billet d’infraction [...] On est là pour aider, on ne jouera pas à la police dès le jour 1, mais on va être moins patients », explique Nathalie Drapeau.

Encore récemment, des balles de fusil, de la viande, des vêtements, des bardeaux d’asphalte et des fils électriques ont été retrouvés dans le bac bleu, signe que les consignes sont encore loin d’être respectées. On peut comprendre dans les circonstances l’organisme d’être moins patiente. Pour ceux qui se questionnent à savoir comment il est possible d’identifier les contrevenants, sachez que des agents verts font notamment des tournées sur le terrain pour vérifier l’état des bacs. Les camions de collecte sont par ailleurs équipés de caméras. Lorsque les matières arrivent au centre de tri, il est aussi possible de retracer les sources pour aiguiller les interventions terrain et venir mettre le doigt sur le bobo. Parce qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres en ce qui concerne les matières résiduelles.

Selon les dernières données disponibles, les citoyens de Gaspé étaient par exemple encore loin des objectifs fixés. On espérait atteindre au maximum 525 kg de matière éliminée par habitant, alors que les chiffres sont plutôt à 600 kg. On désirait aussi que 75% des matières recyclables le soient, mais ce taux n’est qu’à 54%. Pire, le taux de compostage est 20%, loin de l’objectif de 60%. « Ç’a un impact significatif et majeur sur les comptes de taxes. On peut bien faire tous les efforts qu’on veut à l’échelle publique, on ne peut pas rentrer dans les maisons faire le tri à la place des citoyens. Ils auront un effort supplémentaire à faire au niveau du tri de leurs matières résiduelles », rappelle Daniel Côté. Bref, si le traitement n’est pas mieux géré, la quote-part risque d’augmenter considérablement. Et tout le monde aura été averti puisque des campagnes de sensibilisation seront orchestrées dans les prochaines semaines. Tout un chacun devra donc mieux trier ses matières résiduelles, sinon la facture risque d’être salée l’an prochain.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média