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15 décembre 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Des élèves de l’école des Prospecteurs en tête-à-tête avec David St-Jacques

MURDOCHVILLE

David St-Jacques

©Photo Agence spatiale canadienne/NASA

David St-Jacques prend une photo par un hublot de la coupole de la Station spatiale internationale.

Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de s’entretenir avec un astronaute. C’est pourtant l’opportunité qui a été donnée aux élèves de Murdochville, qui ont eu droit à un « tête-à-tête » par l’entremise d’une conférence exclusive via la plateforme Zoom.

Pendant une heure mercredi, élèves et professeurs ont ainsi pu poser leurs questions à David Saint-Jacques, l’un des rares astronautes à avoir effectué une sortie dans l’espace (le 4e seulement au Canada) et qui détient actuellement le record de la plus longue mission au pays (204 jours).

Si l’école des Prospecteurs a pu bénéficier de cette occasion en or, c’est en majeure partie grâce à Noah Pelletier, un élève qui a vu défiler sur Facebook un concours de l’Agence spatiale canadienne. Ce concours, baptisé « Astronautes juniors », a piqué sa curiosité, étant déjà intéressé par l’espace et l’astronomie. Comme le tout était ouvert aux enseignants, aux éducateurs et aux autres organismes jeunesse, il a demandé à sa professeure de sciences de l’époque (Myriane Houde-Poirier) de l’accompagner dans sa démarche. L’idée aura finalement été fructueuse puisqu’ils ont remporté le concours parmi 94 candidatures. À la plus grande joie du jeune homme de 14 ans. « J’ai toujours voulu le rencontrer. J’écoute depuis un moment ses chroniques et ses entrevues alors je suis vraiment content de pouvoir lui parler », expliquait Noah Pelletier, la veille de cette conférence unique.

Rêver à l’espace

 

Généreux de son temps, David St-Jacques a ainsi brièvement expliqué aux élèves de Murdochville son parcours, de son Saint-Lambert natal jusqu’à la Station spatiale internationale. De son baccalauréat en génie physique de la Polytechnique Montréal à son doctorat en astrophysique à l'Université de Cambridge, au Royaume-Uni, puis son diplôme en médecine à l'Université Laval et sa pratique dans le nord du Québec au Centre de santé Inuulitsivik, à Puvirnituq, un village arctique donnant sur la baie d'Hudson. Et évidemment son recrutement en mai 2009 par l'Agence spatiale canadienne.

Deux ans d’entraînement de base, de l’utilisation d’un « simple » scaphandre à celui du bras canadien, en passant par le pilotage d’un avion à réaction et l’apprentissage du Russe pour manœuvrer la capsule spatiale Soyouz. Puis 3 ans d’entraînement spécialisé avant le décollage vers l’espace. La liste des accomplissements pourrait s’étendre encore sur des dizaines de pages, mais dans toute son humilité, David St-Jacques a surtout rappelé qu’il était jadis un garçon tout ce qu'il y a de plus normal. « Savez-vous comment j’ai commencé pour devenir astronaute? Comme tout le monde, en étant un petit enfant très curieux et un peu rêveur », résume-t-il, en présentant une photo de lui-même à 7 ans, derrière son pupitre de classe, assis exactement comme le sont les 70 paires de yeux qui regardent attentivement sa conférence. Il expliquera ensuite que ce sont des photos de la Terre vues de l’espace qui éveilleront encore davantage son appétit d’aventure. « Quand j’ai compris que je regardais notre planète, mais vue de l’extérieur, cette perspective m’a bouleversé et ça m’a motivé à devenir un explorateur et un scientifique. Je voulais comprendre le plus possible le monde autour de moi. Je ne pensais pas que c’était possible de devenir astronaute, mais j’étais un peu obsédé par tout ce qui touchait à l’espace. »

Lui-même un grand rêveur, il terminera en invitant ses interlocuteurs à eux aussi se laisser porter par leurs plus grandes aspirations.  « La Lune, on va y retourner, mais notre rêve c’est d’aller sur Mars. On n’est pas prêts encore, mais presque. Chose certaine, les astronautes qui vont y aller et les ingénieurs qui vont fabriquer les vaisseaux spatiaux, ils sont déjà nés et ça pourrait bien être vous. Tout ce qu’il faut, c’est aimer ce qu’on fait et avoir la passion », lance-t-il.

Source de motivation

 

Les avis étaient unanimes : l’expérience a été appréciée autant pour les jeunes que pour le personnel. Tous ont pu en apprendre davantage sur un homme d’exception qui a marqué l’histoire. « C’est une très bonne source de motivation de voir quelqu’un qui arrive à ses fins et parvient à ses rêves par sa volonté. J’en ai appris davantage sur sa mission et c’était très enrichissant », explique Noah Pelletier, qui aimerait d’ailleurs devenir astronaute lui-même.

« De voir M. Saint-Jacques aussi généreux de son temps, de vulgariser les concepts pour nos jeunes et rire avec eux, c’était vraiment une expérience inoubliable. On l’a senti super sympathique. On a assisté à une conférence avec un grand homme. On a été très choyés », souligne pour sa part la directrice de l’école des Prospecteurs, Joanie Cloutier. Voici en terminant quelques questions adressées à David St-Jacques et ses réponses.

Pendant votre mission, avez-vous eu peur de mourir?

 

Oui. C’est dangereux et je serais un peu niaiseux si je n’avais pas eu peur. Mais la peur, c’est un signal d’alarme qui me dit de faire attention, de me poser des questions. C’est normal d’avoir peur mais il ne faut pas que ça nous gèle. Il faut que ça nous motive à mieux se préparer.

Quand vous êtes revenu sur Terre, est-ce que ç’a été difficile de vous réhabituer à marcher?

 

C’était même très difficile. Ç’a m’a pris environ 3 semaines à m’habituer à l’espace, à flotter et ne plus avoir mal au cœur. Ensuite je me sentais bien et je croyais que le retour allait être plus facile. Mais c’était encore plus difficile que s’habituer à l’espace. Je trouvais mes bras lourds à cause de la gravité. J’avais envie de vomir parce que mon sens de l’équilibre était désorienté. Je me sentais faible parce que mon sang me tombait dans les jambes et mon corps avait oublié comment pomper le sang jusqu’à la tête. J’étais étourdi tout le temps et ç’a pris plusieurs mois avant de revenir à la normale, faire du vélo et prendre mes enfants sur mes épaules. Ç’a m’a beaucoup surpris.

Qu’est-ce que tu as le plus aimé de ta mission?

 

Tout simplement de voir la Terre de l’espace. C’est tellement beau! Le bleu de l’atmosphère est comme phosphorescent par rapport au noir de l’univers. À chaque fois j’étais touché et comme fier d’être un Terrien et que ça, c’était notre maison. Ça donne le goût d’en prendre soin.

Quelle a été ta plus grand crainte?

 

De loin les 8 minutes et demi en fusée. C’est comme une bombe; une explosion contrôlée. Sinon qu’il arrive quelque chose à mes parents ou ma famille et que je ne peux puisse pas revenir. De manquer un événement important, car sinon pour moi-même je n’avais pas vraiment peur.

Avez-vous vu des choses non identifiées dans l’espace?

 

Je n’ai pas le droit de te le dire (rires)! Plus sérieusement rien de suspect, mais mon opinion c’est qu’il y a probablement de la vie qu’ailleurs sur Terre. Je pense que s’ils étaient venus nous voir, ils ne seraient pas venus en cachette. J’ai l’impression que les histoires d’extraterrestres, ce sont plutôt des illusions d’optique ou des phénomènes mal expliqués. Mais l’univers est tellement grand avec des milliards de milliards de galaxies avec des milliards de milliards d’étoiles, avec chacune plusieurs planètes. Ça serait un peu incroyable qu’il n’y en ait qu’une seule avec de la vie. Mais je n’ai pas de preuves.

Quel a été votre plus gros défi avant de devenir astronaute, dans votre cheminement?

 

Ç’a toujours été le même, c’est-à-dire de garder mon équilibre. Si je ne me discipline pas, j’ai tendance à me lancer dans une passion et de ne faire que ça. J’ai appris avec les années que ce n’est pas la meilleure manière de progresser. C’est de ne pas juste faire ça et rester en équilibre. Dans un cockpit, s’il y a 12 cadrans il faut que tous les systèmes soient en bon état pour que ça vole bien. S’il y en a un qui est dans le rouge, ça s’écrase. Dans notre vie, il faut que tout soit en équilibre pour être à notre meilleur : les études, le sport, notre nutrition, le sommeil, les amis, la famille. C’est ce qui est difficile parce que c’est tentant de se lancer à 100% dans un volet. Mais à long terme ça finit toujours par nous rattraper. Le défi c’est de résister à la tentation de juste être astronaute pour atteindre cet équilibre.

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