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10 décembre 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Vente de Ciment McInnis : députés, maire et syndicat réagissent

PORT-DANIEL-GASCONS

Henri Grenier

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le maire de Port-Daniel-Gascons voit d’un bon œil la transaction et n’est pas inquiet pour l’avenir à long terme de la cimenterie.

À première vue, l’acquisition de 83% des actifs de Ciment McInnis par le conglomérat brésilien Votorantim Cimentos n’inquiète pas les Métallos.

Une conférence virtuelle s’est tenue ce matin vers 9 h entre l’exécutif syndical et le nouvel employeur, quelques minutes avant que les communiqués de presse officiels ne soient acheminés aux médias. « La première réaction qu’on a eue, c’est de s’assurer que les jobs allaient rester à Port-Daniel-Gascons. Ensuite, si ça allait modifier les relations de travail et si ça allait changer quelque chose au final. Pour l’instant, on nous a confirmé que rien ne changeait », explique Éric Matte, représentant syndical de la section locale 9602 des Métallos pour la cimenterie et la carrière chez Ciment McInnis. Rappelons que Votorantim s’est engagé à maintenir les emplois et les installations de l’usine de Port-Daniel-Gascons au minimum jusqu’en 2029.

Bien malin qui pourra voir au-delà de cette année, mais encore une fois le syndicat croit que l’usine gaspésienne est en bonne position pour l’avenir à long terme. « La carrière a une durée de 50 ans. La logique ne serait pas de prendre les jobs et les envoyer ailleurs après 2029. On n’est pas là et ce n’est pas moi qui prends les décisions, mais on voit qu’il y aurait encore quatre bonnes décennies d’emplois », analyse Éric Matte.

Même son de cloche du côté du maire de Port-Daniel-Gascons, Henri Grenier, qui accueille favorablement cette acquisition pour la suite des choses dans sa municipalité. « Je vois ça d’un œil très positif qu’une entreprise qui est le 6e plus important producteur de ciment au monde acquiert les infrastructures. On est à la fine pointe de la technologie et c’est un investissement important pour Votorantim. La carrière de calcaire, c’est une qualité exceptionnelle. Le terminal maritime en eaux profondes est aussi très très près de l’usine. Autrement dit, Ciment McInnis, c’est du long terme, pas pour 5 ou 6 ans. Ils n’ont pas fait cette acquisition pour rien. On connaît le potentiel de l’usine. »

Appelée à commenter à brûle-pourpoint, la députée Diane Lebouthillier a dit suivre la situation de près, tant au plan économique qu’environnemental. « Je ne suis pas vraiment surprise de cette annonce. Ce qui me rassure, c’est qu’on maintient les emplois jusqu’à 2029. Il y a une priorité pour moi pour le maintien des emplois dans le comté. Pour l’environnement, on m’a dit que des initiatives allaient être déployées pour la diminution de l’empreinte carbone. On va faire confiance aux autorités officiels et aux ministères concernés. »

Bon projet, mal géré

 

Les critiques les plus acerbes sont arrivées du côté du député de Bonaventure, Sylvain Roy, qui a du mal à comprendre la logique de vendre au moment où la cimenterie allait finalement atteindre sa vitesse de croisière. Il soulève aussi des doutes quant à l’avenir au-delà de 2029. « Dans 8 ans, l’entreprise peut se permettre de démanteler le tout et de fermer Ciment McInnis si elle veut. C’est inacceptable. Ça ressemble à une vente de feu à l’aube d’une profitabilité et d’une rentabilisation importante. On s’en débarrasse pour permettre à un autre acteur de récolter le fruit du travail collectif des Québécois. Ça rejoint l’éthique du ministre Fitzgibbon qui semble ne pas avoir d’intérêt pour le nationalisme économique et la protection des fleurons québécois », lance le député du Parti québécois.

Ce dernier aurait aimé que le gouvernement use d’imagination, en transférant par exemple ses actifs au ministère des Transports pour qu’il achète son propre ciment. Dans tous les cas, une certaine sensation d'opportunité manquée. « Le plus gros acheteur de ciment de la province, c’est l’État. On se départit d’un actif qui nous appartient qui aurait pu être mis en valeur dans des projets d’infrastructures importants. On va probablement nous revendre le ciment à un prix beaucoup plus cher parce qu’on va assister à une monopolisation du secteur au Québec et au Canada. Les Québécois sont extrêmement perdants dans cette transaction – dont on ignore les modalités pour l’instant – parce que nous avons financé la construction et on la transfère au privé [...] Je pense que c’est un projet qui méritait d’être mis au jour. On a un des plus beaux gisements [de calcaire] en Amérique du Nord. Il y a une demande importante qui se profile à l’horizon. C’est un bon projet, qui a peut-être été mal géré, dont la gouvernance a changé trop souvent pour avoir un fil conducteur et être mené à une maximisation », conclut Sylvain Roy.

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