13 août 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

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©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Maude Lelièvre et Jonathan Cloutier ont ouvert l’épicerie Chez Maujo ce jeudi 13 août.

Huit mois après la fermeture de l’épicerie Savage et Frères, Petit-Cap a de nouveau accès à son commerce de proximité grâce au travail acharné du couple, cette fois sous la bannière Bonichoix (Sobeys). L’épicerie est située dans le même bâtiment que la précédente et a permis de créer une vingtaine d’emplois.

L’ouverture officielle s’est faite aujourd’hui, le jeudi 13 août. Les investissements sont chiffrés à près de 500 000$, mais les deux propriétaires sont confiants de la rentabilité du projet. « L’évaluation qu’on fait des revenus à la semaine, selon un scénario pessimiste, ça balance et tout va bien. J’ai confiance en notre gestion. Il y a aussi que les gens, quand ils ont perdu ça l’an dernier, ils ont pris conscience de consommer davantage local pour conserver leur acquis. Et s’il y a bien un commerce à ouvrir en temps de pandémie, c’est bien une épicerie », lance Jonathan Cloutier.

À contre-courant

Trois marchés d’alimentation ont fermé leurs portes dans les 16 derniers mois dans le Grand Gaspé, soit à Petit-Cap, Saint-Majorique et Rivière-au-Renard. Pour les citoyens de Petit-Cap, l’accès le plus près était alors à Cloridorme ou à Rivière-au-Renard.

De voir une relève est donc la bienvenue pour plusieurs. Pour preuve, l’épicerie Chez Maujo était bondée ce matin lors du passage du Gaspésie Nouvelles. Une file faisait même l’attente à l’extérieur en attendant de pouvoir profiter du nouvel établissement. Mais dans tous les cas, tous étaient bien heureux de revoir leur marché rouvrir ses portes.

Jonathan Cloutier, originaire de Petit-Cap, a d’ailleurs toujours fréquenté l’épicerie de son village dans sa jeunesse. S’y étant établi il y a 5 ans à peine, il trouvait dommage de devoir se passer de ce service. « Je regrettais presque de m’être construit dans mon village natal parce que ça commençait à faire loin pour l’épicerie. Mais ça prend ça pour le monde de la place alors on s’est dit qu’on y allait. De L’Anse-à-Valleau jusqu’à Rivière-au-Renard, il y a bien des gens qui nous disent qu’ils sont contents de pouvoir venir, surtout qu’il y a plusieurs personnes âgées. Une épicerie, c’est idéal comme plateforme pour des cuisiniers. Tu gères toute ton alimentation avec ta cuisine et ton prêt-à-manger. On a toujours eu la fibre entrepreneuriale alors quand on a vu l’occasion se pointer, on s’est dit qu’on allait se lancer à fond dans le projet. »

Assez pour que les deux propriétaires, cuisiniers de métier et qui ont accumulé les emplois dans le domaine – en passant par les cuisines de la résidence Mgr-Ross, l’Hôtel Baker et le Café des artistes, notamment – lâchent chacun leur emploi du moment pour se consacrer corps et âmes dans leur nouvelle vocation. Et ce ne sont pas les projets qui manquent.

Le goût du local

En plus d’offrir des plats prêts-à-manger cuisinés sur place, le magasin propose un nouveau casse-croûte Les propriétaires tiennent aussi à mettre de l’avant les producteurs de la région. Ils encouragent entre autres les pêcheurs et les producteurs locaux en vendant leurs produits frais. « C’est un tout nouveau défi pour nous et nous avons fait en sorte de transmettre notre passion de l’alimentation à travers le choix de produits et de services que nous offrons à notre clientèle », explique pour sa part Maude Lelièvre. La clientèle peut aussi profiter du service de livraison à domicile et du service de traiteur personnalisé. Les amateurs de barbecue seront quant à eux heureux de découvrir la boucherie avec service spécialisé de coupe de bœuf sterling. Un fumoir à viande et à poisson sera aussi installé afin d’élargir encore plus l’offre de produits de spécialité fait sur place.

« Je suis un gros amateur de viandes fumées; de faire mes propres cuissons sur charbon de bois. Je vais travailler fort là-dessus avec des belles préparations, peut-être faire vieillir de la viande de 60 ou 120 jours si les gens veulent embarquer là-dedans. On a d’ailleurs une boucherie flambant neuve avec un look rustique. L’an prochain, on voudrait faire des BBQ la fin de semaine assez régulièrement pour mettre en valeur les bières locales artisanales pour les sauces et l’arrosage pendant la cuisson. On a aussi la possibilité de faire une meilleure mise en marché de produits qui sont moins connus, de faire découvrir des nouvelles saveurs. Ma blonde est une vraie encyclopédie pour ça. On veut quelque chose d’accueillant, de chaleureux. Avoir un bon service à la clientèle c’est important, voire primordial pour nous. Il faut que les gens ressortent d’ici avec un peu de bave sur le bord de la bouche », conclut en riant Jonathan Cloutier.