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30 juin 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

D’autres joueurs déjà intéressés à prendre la relève d’Air Canada

LIAISONS SUSPENDUES VERS GASPÉ

Aéroport Gaspé

©Jean-Philippe Thibault

Au moins deux transporteurs privés tâtent déjà le terrain pour prendre la relève d'Air Canada.

La suspension des liaisons d’Air Canada vers Gaspé pourrait-elle paver la voie à l’arrivée d'autres transporteurs privés?

C’est ce que croit le maire Daniel Côté, qui est également président du Comité sur le transport aérien de l’Union des municipalités du Québec. Réagissant à l’annonce faite cet avant-midi par Air Canada de tirer un trait sur son escale à Gaspé, ce dernier a signifié être confiant de voir un autre joueur prendre le relais.

« Ça bouge en coulisses à savoir qui va prendre la place d’Air Canada. D’autres transporteurs ont déjà levé la main pour venir les remplacer. Dans l’heure qui a suivi l’annonce, j’ai déjà eu des gens du privé qui m’ont contacté en disant qu’ils étaient intéressés à prendre la relève. Même chose pour mes collègues de Baie-Comeau et Mont-Joli. C’est signe que la nature a horreur du vide et que quelqu’un va vouloir prendre le marché [...] C’est le temps de travailler tous ensemble parce que plusieurs villes et régions du Québec sont abandonnées. On veut des solutions globales et pérennes. » Sans vouloir éventer le nom de entreprises intéressées, le maire précise qu’au moins deux transporteurs tâtent déjà le terrain.

Selon Daniel Côté, il n’y a pas de problème de marché actuellement, mais plutôt de volonté et de profitabilité pour des plus gros joueurs dont le souci principal serait celui de ses actionnaires. « Je suis convaincu que ça peut être rentable pour des petits joueurs moins gourmands. Le modèle où on ne fait qui viser du profit et servir nos actionnaires, ça ne peut pas fonctionner dans le transport aérien régional. On l’a essayé pendant une vingtaine d’années avec Air Canada avec les résultats qu’on connaît. Il faut penser à un autre modèle pour être durable [...] Il ne faut pas lancer la serviette. On pourrait être défaitiste s’il n’y avait aucune piste de solution en vue, mais il y en a. Il y aura un modèle qui va émerger de tout ça dans les prochaines semaines, tout au plus les prochains mois. »

Le maire pense notamment à une régie intermunicipale ou une coopérative, qui pourrait ultimement travailler en collaboration avec une entreprise privée pour la gestion des opérations. Mais à court terme, un nouveau transporteur pourrait arriver aussitôt qu’à la fin août ou en septembre s’il décidait d’aller de l’avant. Dans tous les cas, le retrait d’Air Canada engendre un manque à gagner important pour la Ville de Gaspé, qui est propriétaire de son aéroport depuis 1998. Les pertes mensuelles se situent pour l’instant entre 167 000$ et 170 000$, dont la majeure partie en raison de l’arrêt des dessertes d’Air Canada. À noter que l’infrastructure doit demeurer ouverte, notamment pour les services gouvernementaux (transport d’urgence médicale, SOPFIM) et les quelques vols privés. Conséquemment, environ 80% des dépenses reliées au roulement de l’aéroport Michel-Pouliot sont maintenues. À lui seul, le manque à gagner par le départ d’Air Canada serait entre 100 000$ et 150 000$ par mois. Des demandes conjointes avec d’autres aéroports québécois ont d’ailleurs été faites pour obtenir une compensation financière. « On est en attente de nouvelles et on nous a dit de ne pas désespérer. Il va falloir l’aide de l’état pour s’en sortir [...] Sans le support du gouvernement du Québec et du Canada, on n’y arrivera pas. Air Canada peut se permettre d’abandonner les régions, mais nous on n’abandonnera pas le transport aérien régional », ajoute Daniel Côté.

Gaspé se retrouve donc momentanément sans desserte aérienne, ferroviaire ou par autocar. Pour rejoindre la pointe gaspésienne de Montréal, la seule possibilité est de prendre le volant pendant près de 10 heures. « Il n’y aucune autre possibilité. Le retrait d’Air Canada est l’occasion de revoir nos façons de faire en matière de transport aérien régional, et cela, avec tous les acteurs du milieu. Le quasi-monopole des liaisons aériennes régionales génère aujourd’hui un enclavement partiel de nos régions », conclut le président du Comité sur le transport aérien. Ce dernier se réunira d’ailleurs d’urgence dans les prochains jours pour faire le point sur la situation.

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