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16 juin 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Des sacs de plastique dans l’asphalte de Percé?

Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie

Asphalte

©Depositphotos.com - Archives

Le plastique remplacerait une partie du liant bitumineux dans l’asphalte.

Et si on utilisait une partie du plastique qu’on met actuellement dans notre bac bleu mais qui ne trouve pas preneur sur les marchés comme composante dans l’asphalte en Gaspésie?

C’est un peu l’idée lancée par la Ville de Percé, qui depuis quelque temps déjà planche à trouver des solutions pour l’entretien de son vaste réseau routier qui s’étend sur 110 km. En collaboration avec la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, on veut étudier plus en profondeur la possibilité d’utiliser le plastique souple inutilisé comme liant bitumineux. Une demande de financement de 150 000$ en recherche et développement a été placée auprès de Recyc-Québec pour analyser les tenants et aboutissants d’une telle démarche, qui à preuve du contraire n’a pas encore été testée dans la province. Grossièrement, la somme servirait à trouver la meilleure recette qui se prêterait aux conditions hivernales du Québec, faire des tests de vieillissement en laboratoire et ensuite procéder à un projet-pilote sur une route municipale de Percé. L’École de technologie supérieure de Montréal et l’Université Laval seraient notamment mis à contribution. Le plastique serait fondu et remplacerait une partie du liant bitumineux dans l’asphalte.

La Régie a d’ailleurs 300 ballots pour environ 200 tonnes de plastique souple qui accumulent la poussière dans sa cour arrière, faute de preneur. « Le marché au Québec est à peu près inexistant pour ces matières. Une étude qu’on a faite a démontré qu’à d’autres endroits, les résultats étaient intéressants et qu’il y a des aspects techniques bonifiant pour l’asphalte. On est en attente de financement, mais on est confiants. Est-ce que ça serait 5%, 10% ou 15% de remplacement du bitume? C’est le genre de choses qui sera à valider », explique Nathalie Drapeau, la directrice générale de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, mais le procédé permettrait évidemment de revaloriser cette matière.

D’ici 2022

 

Le concept a déjà été testé au Canada, en Nouvelle-Écosse et à Vancouver notamment. Reste à voir si l’idée vaut la peine d’être importée. L’entreprise britannique MacRebur se spécialise d’ailleurs dans le domaine depuis 2016, mais œuvre principalement dans les pays chauds comme l’Australie et l’Arabie saoudite. Selon la compagnie, l’utilisation du plastique dans l’asphalte sur une portion de route de 3 mètres de largeur par 200 mètres de longueur éviterait l’enfouissement de 74 057 sacs de plastique, ou l’équivalent d’une compensation de 793 kg de dioxyde de carbone.

Mais pour revenir à Percé, après un autre projet-pilote qui devrait avoir lieu cet été pour multiplier par 10 la durée de vie des réparations de nids-de-poule à l’aide d’une membrane protectrice qui empêche l’eau de s’infiltrer, c’est une autre tentative pour la municipalité de régler les problèmes inhérents à l’entretien des routes.

« C’est une réflexion globale pour aller chercher des technologies qui permettront de restaurer nos routes et optimiser l’efficience de la réparation. On veut trouver des stratégies qui respectent l’environnement et l’économie circulaire, explique Jean-François Kacou, le directeur général de Percé. Ça permettrait de résoudre la crise du plastique et ça serait vraiment novateur. On veut faire des tests pour évaluer les capacités physico-chimiques, pour avoir la meilleure formulation possible et la tester sur un environnement réel à Percé sur une route municipale, puis l’observer sur 1 an ou 2 pour voir l’adhérence et les cycles de gel et de dégel. Il faudra déterminer la recette optimale selon les résultats et ensuite l’appliquer à plus grande échelle. C’est vraiment un gros projet sur lequel on apporte tout notre appui. On est prêts à l’expérimenter ici à Percé d’ici l’an prochain ou en 2022. »

Le projet viserait aussi à utiliser le plastique souple sous forme de pâtes pour la fabrication d’objets, comme des bancs, des dalles et des planchettes, notamment. À suivre.

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