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28 mai 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Temps durs pour les croisières internationales

COVID-19

Croisière

©Photo Archives

Aux dernières nouvelles, 34 des 47 escales du calendrier 2020 ont été annulées chez Escale Gaspésie.

Il semble bien loin le temps où l’imposant Queen Mary II mouillait dans les eaux de Gaspé par une superbe journée d’octobre, créant l’émoi et des rassemblements de masse pour admirer le mythique géant des 7 mers.

Depuis, il y a eu l’épisode des baleines noires qui en l’espace de trois ans – de 2017 à 2019 – a fait annuler 40 des 137 des arrêts prévus au calendrier chez Escale Gaspésie, engendrant des pertes de plus de 5 millions de dollars en retombées économiques directes et indirectes. Sans compter celles qui étaient à venir en 2020. Comme si cette épée de Damoclès n’était pas suffisante, il y a maintenant la COVID-19 qui vient gâcher la fête et remettre en question très sérieusement la saison des croisières. Déjà, les portions printanière et estivale ont été rayées de la carte. Dès la mi-avril, le CTMA Vacancier en provenance des Îles-de-la-Madeleine a annoncé que sa saison était à l’eau, enlevant du calendrier une douzaine d’arrêts à Gaspé. Une autre ligne de croisière – la française CroisiEurope – devait elle aussi s’arrêter une douzaine de fois cet été mais a retiré ses billes dans les circonstances. Aux dernières nouvelles, 34 des 47 escales du calendrier 2020 ont été annulées chez Escale Gaspésie. Seulement 13 demeurent en attente.

Paré à toute éventualité

 

Considérant l’évolution de la situation, on redoute le pire. L’industrie des croisières internationales a été mise à mal. On se rappellera dès février la situation sur le Diamond Princess qui était alors le plus grand foyer d’infection à l’extérieur de la Chine, ce qui a marqué l’imaginaire. Ou début mai la Norwegian Cruise Line qui a indiqué douter de sa capacité à passer à travers la crise. « On suit l’évolution de la situation de près, mais honnêtement je ne pense pas que du tourisme à l’international on va voir ça au Canada cette année, explique le chef d’escale Stéphane Ste-Croix. Si la tendance se maintient pour reprendre l’expression consacrée, on ne voit pas comment on pourrait arriver cet automne à opérer une saison de croisière. Ça pourrait vouloir dire une annulation complète de 2020 sur la destination de la Gaspésie. C’est clair que ça pose un enjeu sur la suite des choses, c’est évident. »

La suite

 

La pression est donc forte sur Escale Gaspésie qui risque de devoir composer avec une absence de revenus cette année et le retrait de l’ensemble de ses 43 escales. À l’heure où les nouveaux programmes d’accompagnement fusent de toutes parts, il faudra éplucher la liste pour voir si l’organisation pourra en profiter et passer à travers la crise. « On voit venir les choses et on s’adapte. La possibilité de voir toutes les escales s’envoler est là. Je mentirais si je disais que ça ne mettait pas de pression sur l’organisation et son modèle d’affaires, analyse Stéphane Ste-Croix. S’il n’y a pas une forme de soutien, c’est clair que pour la reprise – considérant qu’on va se passer d’un cycle annuel de revenus – et bien oui on va avoir besoin d’aide assurément. Notre argent, on ne le fera pas. C’est certain qu’on n’a pas la capacité de naviguer là-dedans pendant un an en espérant qu’il va y avoir un tourisme de croisière. Ça prend de l’aide et un support. Est-ce qu’on va être capable de convaincre les décideurs régionaux que ça vaut la peine d’encourager notre industrie? C’est la question. On a plus la capacité de gérer du risque. C’est notre enjeu. Est-ce que quelqu’un veut nous accompagner à gérer ce risque? Honnêtement, c’est tough et on a plus de marge de manœuvre. »

Ceci dit, le directeur reste convaincu que ce n’est pas la fin pour l’industrie des croisières sur la péninsule gaspésienne, qui restera une destination prisée. Les paysages spectaculaires demeureront toujours, tout comme les parcs nationaux et les grands espaces en plein air qui seront d’autant plus recherchés des clients. Le marché devra certainement se réorganiser et l’époque des grands navires de 4 000 et 5 000 passagers est probablement révolu pour un temps, mais d’autres volets prendront le relais et la région devra s’y préparer. « À long terme, je n’ai pas de crainte pour une reprise. Les choses vont changer assurément, on en convient tous. Un marché va demeurer, qui pourrait être significatif pour les régions, comme la croisière d’aventure, d’expédition et de luxe; ça va revenir c’est certain. Mais serons-nous assez patients pour être au rendez-vous? C’est ça aussi l’enjeu », conclut le directeur d’escale. Et pour la petite histoire, la Norwegian Cruise Line a réussi à lever plus de 2,2 milliards de dollars de liquidités supplémentaires en moins de deux jours, comme quoi la confiance demeure dans le monde des croisières.

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