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02 mai 2020

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Incursion dans le quotidien d'un microbiologiste gaspésien au temps de la Covid-19

COVID-19

Dr Simon Lévesque

©Photo Gracieuseté

Simon Lévesque raconte comment se traduit la crise du coronavirus dans son laboratoire du CIUSSS de l'Estrie à Sherbrooke.

Ayant vécu son enfance et son adolescence à Sainte-Anne-des-Monts, Simon Lévesque a quitté sa ville natale lorsqu'est venu le moment de poursuivre ses études post-secondaires. Il a ensuite complété son cours de sciences de la nature à Matane avant de prendre la direction de l'Université de Sherbrooke où il a d'abord fait un baccalauréat en biologie et une maîtrise en microbiologie. Finalement, de 2005 à 2010, il a complété son doctorat dans le même domaine.

En 2010, il a eu son premier emploi au laboratoire de Santé publique du Québec, la référence pour l'ensemble des centres hospitaliers du Québec où il a travaillé pendant sept ans. « Ce qui m'intéresse, ce sont les analyses en laboratoire. J'ai ensuite eu l'opportunité de revenir travailler à Sherbrooke. J'y suis maintenant depuis 2017 », explique-t-il.

Le laboratoire où travaille Simon Lévesque se trouve à être le point central de la région, donc l'Optilab de l'Estrie. C'est par là que passent toutes les analyses des centres hospitaliers du secteur. « Mon rôle est de développer des nouveaux tests pour le diagnostic des maladies infectieuses causées par des virus, des bactéries, des champignons. Je dois former et encadrer les techniciens et m'assurer de la qualité des analyses. Je fais aussi de l'enseignement aux futurs médecins microbiologistes infectiologues », soutient-il.

La vie de microbiologiste en temps de pandémie

 

Depuis le début de la pandémie de la Covid-19, le quotidien de Dr Lévesque a passablement été chamboulé. Dorénavant, le laboratoire ne fait que des analyses de tests de dépistage du coronavirus. « Nous sommes passés à la vitesse grand V pour faire le plus de tests possibles. Il fallait avoir une cadence suffisante pour avoir des résultats rapidement. C'est devenu comme un travail à la chaîne puisque les tests entraient par centaines. Il a fallu faire des quarts de travail de jour, de soir et de nuit. »

Les résultats sont ensuite compilés et transmis à la Santé publique qui fera ensuite les interventions auprès des patients infectés. « En parallèle, il y a de la recherche qui se fait sur l'impact du virus dans certaines populations et observer si certains ont développé des anticorps », ajoute Simon Lévesque.

L'ampleur de cette pandémie surpasse tout ce que Dr Lévesque a pu vivre au cours de sa carrière. Et il en a vu d'autres. C'était lui et son équipe qui avait isolé la tour responsable de l'éclosion de légionellose à Québec en 2012. « Au début de la crise, on n'avait pas le temps de réfléchir. C'était du 16 heures par jour et il y avait une pression incroyable sur les fournisseurs de produits de laboratoires puisque tous les labos de la planète testaient pour la Covid. Il a fallu être débrouillard. J'ai notamment fait appel à des collègues à l'Université de Sherbrooke pour me fournir des ingrédients nécessaires à la production de tests. C'est donc aussi ça mon boulot; soit de trouver des solutions alternatives aux problèmes qu'on puisse poursuivre le travail en laboratoire. »

Dr Simon Lévesque

©Photo Gracieuseté

Avec un peu de recul

 

Une fois que le laboratoire a pu prendre sa vitesse de croisière pour l'analyse des tests, Dr Lévesque a pu prendre quelques minutes pour refléter sur ce qu'il vivait en tant que microbiologiste. « Je réalise tout ce qu'on a fait et où nous en sommes rendus. Je ressens une grande fierté envers l'équipe. J'agis comme un chef d'orchestre au labo pour s'assurer que tout fonctionne bien et, jamais depuis le début de la crise, je n'ai entendu quelqu'un dire qu'il serait impossible de faire telle ou telle chose. »

Même s'il se dégage une certaine nervosité chez les membres de de l'équipe du Dr Lévesque puisqu'ils sont en contact avec des échantillons biologiques appartenant à des gens ayant potentiellement la Covid-19, personne ne baisse les bras. « Oui nous sommes inquiets car nous avons tous des familles mais tout le monde travaille fort. Nous étions l'un des laboratoires où nous avions le plus de tests à faire en raison de l'intensité de l'éclosion en Estrie. »

La prochaine étape est maintenant de séquencer l'ensemble des virus obtenus chez les patients pour comprendre plus précisément comment il a été transmis d'une personne à l'autre, d'un pays à l'autre. Parallèlement à ces recherches, plusieurs recherches sont aussi en cours afin de développer des médicaments et des vaccins. En ce sens, les travaux effectués, notamment dans le laboratoire de Dr Lévesque s'avèrent être des données importantes pour appuyer ces recherches.

Au moment d'écrire ces lignes, on apprenait que la direction de la Santé publique allait augmenter la cadence en ce qui a trait aux tests de dépistage, ce qui signifie que des laboratoires comme celui du CIUSSS de l'Estrie seront à nouveau appelés à être en première ligne. « C'est un virus avec lequel on risque d'être pris encore longtemps. Faudra voir comme la situation va évoluer. Aurons-nous un vaccin efficace qui protégera la population à long terme? Est-ce que le virus deviendra un virus saisonnier? Est-ce que l'immunité que les gens infectés auront acquise perdurera dans le temps? Ce sont toutes des questions qui demeurent en suspens et que les recherches en laboratoire contribueront à répondre », conclut Dr Simon Lévesque.

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