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08 février 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Les commissions scolaires de l’Est fustigent le projet de loi 40 : « un recul inacceptable pour les régions »

RÉFORME DE L’ÉDUCATION

Commission scolaire CSRL

©Jean-Philippe Thibault

La Commission scolaire René-Lévesque fait partie de celles qui critiquent vertement le projet de loi 40 adopté sous bâillon.

Les présidents des commissions scolaires du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine* font front commun vis-à-vis le projet de loi 40 qui a été adopté sous bâillon aux petites heures du matin (3 h 21 pour être exact) dans la nuit de vendredi à samedi.

Ces derniers dénoncent « la face cachée » de cette réforme qui selon eux n’aidera en rien la réussite des élèves. Rappelons qu’avec ce bâillon, le gouvernement de François Legault prévoit notamment abolir les commissaires et les élections scolaires.

Un non-sens pour les commissions scolaires de l’Est qui se rallient et tirent à boulets rouges sur ce projet qui entraînera une importante perte de pouvoir pour les régions, au profit d’une centralisation à Québec. « Avec le projet de loi no 40, nous passerons de 600 élus de partout en province à un seul ministre à Québec. Il n’y aura plus de politiciens scolaires pour défendre, face au gouvernement, les intérêts et les besoins des régions. Dorénavant, à quelle porte les citoyens cogneront-ils pour contester une décision, pour se faire entendre et se faire représenter? Le ministre l’a dit clairement, il ne veut plus de contre-pouvoir en région. Il ne veut pas d’élus scolaires dans ses pattes. Il veut tout décider, centraliser et fusionner », signent conjointement les présidents des 7 commissions scolaires de l’Est du Québec.

Selon leur lecture, le ministre de l’Éducation va plus loin et s’approprie plusieurs nouveaux pouvoirs, dont ceux d’autoriser les travaux de construction ou de rénovations majeures, en plus d’exiger que les centres de services scolaires concluent des fusions de ressources et de services. « Seul le ministre pourra élaborer des politiques, ce qui constitue la plus grande centralisation de l’histoire du ministère de l’Éducation. Les régions, les écoles, les petites écoles : toutes y perdront un pouvoir décisionnel. Gaspé ou Témiscouata-sur-le-Lac, c’est loin de Québec lorsque viendra le temps de prendre des décisions! Les réalités des régions sont bien loin des bureaux des fonctionnaires du ministère de l’Éducation à Québec. »

On espère maintenant éviter de vivre le même scénario qu’en santé avec la réforme Barrette. Les commissions scolaires parlent également de centralisation qui va carrément tuer l’équité et de net recul pour la démocratie. On rappelle aussi que le Nouveau-Brunswick avait aboli les conseils scolaires en 1996 avant de les remettre en place en 2001. Et que c’est maintenant au tour de l’Île-du-Prince-Édouard de revenir sur sa décision d’abolir les commissions scolaires en 2015.

Ce projet de loi serait par ailleurs discriminatoire envers les francophones, car au final seuls les anglophones pourraient élire démocratiquement leurs représentants scolaires. Et si le gouvernement Legault prétend que cette décision permettra d’économiser 45 millions de dollars 4 ans – argent qui sera réinvesti dans le service aux élèves – on soutient que ce montant ne tient pas compte des coûts liés à la transformation des commissions scolaires en centres de services, ainsi qu’à l’ajout de ressources nécessaires au Ministère pour assumer les nouveaux pouvoirs centralisés.

« La dernière réforme de structure lors des fusions des commissions scolaires en 1998 a coûté 40 millions de dollars au gouvernement alors qu’il avait annoncé des économies de 100 millions de dollars. Sachant cela, il est difficile de croire qu’il y aura des économies. »

Enfin, on note que la réforme Roberge ne règlera rien en éducation car elle ne mettrait absolument pas l’élève au cœur de l’action et des priorités. « Elle plongera nos écoles, nos centres de formation professionnelle et d’éducation des adultes dans un débat de structures inutile, au détriment de la nécessaire mobilisation de tous les acteurs du réseau pour favoriser la réussite des élèves. Il y a actuellement dans notre réseau des problématiques beaucoup plus préoccupantes auxquelles il nous faut tous ensemble nous attarder : la persévérance scolaire, la pénurie de main-d’oeuvre et la valorisation de notre personnel, la mixité sociale et scolaire dans nos écoles, les besoins en infrastructures, la décroissance des clientèles en région, pour ne nommer que ceux-là. C’est pourquoi nous dénonçons l’inacceptable manque d’écoute du ministre et de son gouvernement qui a refusé de mettre de côté son projet de loi et de tenir une vaste consultation sur les véritables enjeux et défis du réseau public d’éducation. Nos élèves méritaient qu’on prenne le temps nécessaire pour mener à bien ce grand débat de société. »

*Les signataires

Jean Couture, président de la Commission scolaire René-Lévesque

Francine Cyr, présidente de la Commission scolaire des Îles

Céline Lefrançois, présidente de la Commission scolaire des Monts-et-Marées

Guilmont Pelletier, président de la Commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs

Jean-Pierre Pigeon, président de la Commission scolaire des Chic-Chocs

Gaston Rioux, président de la Commission scolaire des Phares

Edith Samson, présidente de la Commission scolaire de Kamouraska-Rivière-du-Loup

Commentaires

11 février 2020

francois Castro

En tout respect, les CS étaient des nids de libéraux élues à coup de 2-3-4, parfois 8 % de la population. À ce commentaire "Dorénavant, à quelle porte les citoyens cogneront-ils pour contester une décision, pour se faire entendre et se faire représenter?" Je leur répondrais à leur directeur-trice qui gagne du gallon. Bien sur il y a un aspect de centralisation, mais en même temps il y aura plus de pouvoir aux écoles (donc décentralisation). Des comités avec 1/3 de profs (les gens qui s'occupent réellement de nos enfants), 1/3 des parents et 1/3 de la communauté. Perso, ça me semble plus représentatif que les CS.

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