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15 janvier 2020

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Quitter son emploi par manque de place en CPE

PLACES EN CPE À GASPÉ

CPE

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Pas moins de 150 enfants seraient sur les listes d’attente pour une place dans un CPE à Gaspé.

Méganne Perry Mélançon a organisé une mobilisation citoyenne mercredi avant-midi à la gare intermodale afin de mettre en lumière le manque criant de places en CPE à Gaspé. Une trentaine de parents ont répondu à l’invitation.

Selon les chiffres recensés et les données les plus à jour, pas moins de 150 enfants seraient sur les listes d’attente, excluant ceux qui pourraient se retrouver sur plus d’une liste ou qui auraient déjà une place en milieu familial. Mais au-delà des chiffres, plusieurs parents sont confinés à domicile ou doivent faire des pieds et des mains pour se dépêtrer et tenter de concilier leurs obligations familiales et professionnelles. Souvent en vain.

C’est le cas notamment de Marie-Claude Bourbouin, nouvelle citoyenne à Gaspé depuis l’an dernier et œuvrant comme biologiste en sciences marines chez Mérinov. Le manque de places en garderie l’a malheureusement amené à quitter son emploi. Cette dernière et son conjoint avaient quitté les Îles-de-la-Madeleine en raison du même problème de disponibilité pour faire garder leur petit Louis-Joseph, maintenant âgé de 2 ans. Sauf que la situation n’est pas plus rose sur le continent.

« Depuis qu’on sait qu’on venait ici à Gaspé – en juillet 2018 – qu’on a fait la demande pour avoir une place en CPE et on est toujours en attente. Dans un tel contexte de manque de main-d’œuvre, c’est inacceptable d’avoir à quitter son emploi à cause du manque de places en garderie, qui est un service de base prioritaire. » Marie-Claude Bourbouin rappelle aussi que la situation amène aussi un autre problème avec l’assurance-emploi, qui ne verse aucune prestation si l’on quitte son travail de son propre chef. « Et si on a droit à l’assurance-emploi, il y a une question qui demande si on est disponible à l’emploi, mais avec un enfant à charge, non on n’est pas disponible alors dans un cas ou l’autre, on n’y pas droit [...] On essaie de se dépanner avec des amis qui vont nous aider, mais eux aussi ont leur limite et la seule et unique solution que j’ai, c’est de quitter mon emploi, tout simplement. On a déjà vécu la situation une fois aux Îles-de-la-Madeleine, on ne veut pas la vivre deux fois. »

Même son de cloche pour Lisa English, policière et mère de jumeaux âgés de 13 mois. Son RQAP (Régime québécois d’assurance parentale) s’est terminé le 15 novembre, mais cette dernière n’a pu réintégrer son emploi puisque Maxence et Constance n’ont aucune place en garderie. « Heureusement j’ai eu la possibilité de prendre un traitement différé, que je devrai rembourser après mon retour au travail, mais sinon c’était du sans solde car je n’ai aucune place en garderie ni personne pour garder les jumeaux. Ce n’est vraiment pas l’idéal. Je suis à la maison avec les enfants alors que je devrais être au travail depuis novembre. J’espère que ça va débloquer bientôt. »

Vidéo de sensibilisation

 

Dans tous les cas, les deux mères de famille ont fait partie d’une capsule vidéo de sensibilisation – lancée à l’initiative de la députée Perry Mélançon – qui sera envoyée au ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, afin que d’autres places en CPE soient ouvertes dans un avenir rapproché à Gaspé.

Déjà, un processus de reconnaissance est actuellement en marche et à très court terme, une douzaine de places devraient être disponibles. « On parlait de début février, puis peut-être en avril, mais les choses se sont accélérées et on est espère début février pour deux fois 6 nouvelles places », explique Gilles Chapados, directeur général du CPE Le voyage de mon enfance.

Ceci dit, la députée de Gaspé tenait tout de même à mettre un visage sur les chiffres et aller au-delà du simple exercice comptable. « Je sais à quel point il [le ministre de la Famille Mathieu Lacombe] est sensible, ouvert et à l’écoute, mais on tenait à porter ce message pour sensibiliser le gouvernement à la situation actuelle», explique Méganne Perry Mélançon.

Commentaire du ministre

 

Invité par le Gaspésie Nouvelles à commenter la situation, le ministre Lacombe a tout d’abord voulu nuancé le chiffre avancé de 150 enfants sur les listes d’attente à Gaspé, rappelant que certains sont déjà en milieu familial mais que les parents préféreraient être en CPE. Ceci dit, ce dernier ne veut pas d’une guerre de chiffres ni minimiser le dossier, estimant et confirmant que « des dizaines » d’enfants manquent de place en garderie à Gaspé. Le ministre de la Famille indique suivre la situation depuis plusieurs mois déjà et qu’une rencontre est au calendrier fin janvier avec la députée Perry Mélançon, avec laquelle il dit entretenir une bonne relation.

« Je veux que les parents sachent qu’on est déjà en mode solution pour résoudre le problème. Effectivement, il y a un besoin qui est relativement nouveau à Gaspé. Si on recule à 2018, ce besoin-là n’existait et il y avait même un surplus de places avec des CPE qui avaient de la difficulté à remplir leurs locaux. Le meilleur exemple est que lors du dernier appel de projets du ministère de la Famille, il n’y a pas eu de projet soumis sauf un petit de 8 places qui est présentement en analyse. Maintenant, la situation a changé et on est disposés à régler le problème », résume-t-il.

Il ajoute que dans le cadre du prochain appel de projet qui devrait être lancé en 2020, seuls les endroits où il y a un besoin marquant seront ciblés. « On ne demande pas à tous les CPE du Québec de nous envoyer leur projet. J’ai demandé à ce qu’on agisse seulement dans les territoires avec un manque criant de place, que le délai de réalisation se fasse en 24 mois et que ce soit lancé en 2020. C’est ce qu’on peut contrôler [...] Si nos analyses nous démontrent qu’il faut agir de façon prioritaire, certainement qu’on va le faire [...] On ne s’obstine pas sur le fait qu’il y a un nouveau besoin à Gaspé qu’il faut le régler [...] Entretemps, la solution repose dans les mains de la communauté. Il y a des places en milieu familial disponibles mais on ne trouve pas d’éducateurs-trices sur le terrain à Gaspé qui veulent les offrir. »

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