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02 août 2019

Un adolescent accidenté patiente 46 heures avant d’être opéré

©Photo Gracieuseté - Steve Perreault

Thomas Perreault, 15 ans, photographié pendant les heures où il a dû patienter pour subir son intervention chirurgicale au fémur

SANTÉ. Le père d’un adolescent de 15 ans qui a dû patienter 46 heures avant d’être opéré suite à un accident de moto qui lui a notamment infligé une fracture au fémur peine à comprendre qu’une telle situation ait pu survenir : Steve Perreault, de Maria, demande une enquête externe.

 

Le tout débute vendredi le 26 juillet en fin d’après-midi : Thomas Perreault fait un accident dans le secteur de la route Marcel, à Carleton-sur-Mer, en se rendant à l’épicerie Métro, où il travaille. Alerté peu après, son père se rend à son chevet à l’hôpital de Maria. Il est impossible de l’opérer sur place puisqu’aucun orthopédiste n’est de garde ; on transfère donc le jeune homme par ambulance à Gaspé.

Arrivée vers 23h ce même jour à Gaspé, la famille est accueillie par le chirurgien-orthopédiste. On lui apprend cette fois que l’intervention chirurgicale doit être reportée au lendemain matin en raison de l’indisponibilité de l’anesthésiste en poste.

« Mon fils est en douleur, même s’ils ont essayé de lui donner quelques médicaments pour l’atténuer. À Maria, on lui avait fait ce que j’appelle une attelle de fortune, entre deux oreillers avec du "tape" puisqu’il devait aller se faire opérer d’urgence pour sa fracture au fémur », raconte le père.

Un problème… de clous

Thomas est admis au bloc opératoire le lendemain matin, samedi, vers 10h et est mis sous anesthésie générale. Or, la famille Perreault est bien loin d’être au bout de ses peines. « On vient me voir pour m’annoncer qu’on a eu un pépin, qu’on a aucun clou en titane disponible à insérer dans le fémur de Thomas », déplore M. Perreault.

Ce dernier s’explique bien mal la situation. « On transfère un jeune de 15 ans d’urgence en ambulance pour l’opérer, mais on n’a pas de matériel sur place pour le faire. Il y a un manque à quelque part! », ajoute-t-il.

Un appel FaceTime est logé à Maria afin que les clous adéquats soient livrés à Gaspé ; les équipements nécessaires sont ensuite envoyés. Le soir même, Thomas Perreault est de nouveau admis en chirurgie. On appelle son père à peine 15 minutes plus tard, lui disant qu’un nouveau problème est survenu et lui demandant de se rendre à la chambre du patient. Le chirurgien et son équipe l’attendent sur place.

« Ils ont l’air découragé, on voit qu’ils sont fatigués. Le chirurgien me dit "monsieur Perreault, vous ne me croirez pas. On n’a pas les bons clous".  Il était complètement abasourdi de cette situation-là », explique le papa, qui doit de nouveau expliquer le tout à son fils, pour qui cette expérience pour le moins éprouvante est la toute première dans le milieu hospitalier.

« Il est à jeun depuis son accident, il n’a pas bu d’eau et il n’a pas mangé […] Il n’arrête pas de me dire qu’il a faim, qu’il a soif et qu’il a mal », renchérit M. Perreault, qui admet avoir fait tout en son possible à ce moment pour contrôler sa colère et garder la tête froide.

Les 37 clous de l’inventaire de l’hôpital de Maria sont finalement envoyés le dimanche matin à Gaspé. L’opération prévue à 10h est de nouveau remise puisque les pièces ne sont pas reçues à temps. « On vient qu’on ne sait plus quoi dire... », lance Steve Perreault.

Vers 12h45, la famille appelle Connie Jacques, la présidente-directrice générale adjointe du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Gaspésie, afin d’avoir des nouvelles ; celle-ci était passée la veille dans le cadre d’une visite de courtoisie.

M. Perreault exige ensuite un transfert par avion dans un centre hospitalier ou peut être effectuée l’opération si celle-ci ne peut pas avoir lieu à Gaspé avant 14h, soit après 46 heures d'attente. On vient finalement chercher le blessé une quinzaine de minutes plus tard pour l’intervention, qui durera environ cinq heures. Le jeune homme est actuellement chez sa mère, où il se rétablit.

Le CISSS réagit

Le CISSS de la Gaspésie a réagi par la voie d’un courriel envoyé par son service des communications suite à la médiatisation du cas de Thomas Perreault. Dans ce message, le réseau confirme que la garde en orthopédie avait été confiée à Gaspé la fin de semaine de son accident. Un anesthésiste et un orthopédiste étaient présents, « desservant l’ensemble des situations nécessitant (leurs) compétences ».

Le CISSS, qui n’a pas souhaité davantage commenter le dossier, confirme aussi dans ce courriel acheminé au Chaleurs Nouvelles qu’un comité de travail en gestion des risques sera chargé de faire enquête afin de faire la lumière sur les événements.

« L'évaluation permettra de comprendre ce qui s'est passé. Nous veillerons à ce que les procédures actuelles soient révisées et améliorées », peut-on y lire. Le CISSS défend par ailleurs que la diminution des délais d’attente lors d’une opération d’urgence demeure sa priorité.

En quête de réponses

Si Steve Perreault a choisi de raconter l’histoire de son fils dans les médias, c’est qu’il espère qu’aucune famille n’ait à vivre une expérience aussi éprouvante qui découle, à son avis, « d’un sérieux manque de communication et de logistique ». « Je ne souhaite ça à personne. Comme parent, c’est dur à accepter », admet-il.

M. Perreault demande une enquête externe relativement aux événements qui ont eu lieu au sein du réseau régional de la santé; le Marien a également adressé des plaintes formelles au CISSS de la Gaspésie ainsi qu’au Protecteur du citoyen.  « J’attends des réponses », lance-t-il en entrevue avec le Chaleurs Nouvelles.

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