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18 mars 2019

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Fermeture de l'usine Les Crustacés de Gaspé

AFFAIRES

Crustacés de Gaspé

©Photo Gracieuseté Ivan Whittom

La direction estime que sur les 80 employés, environ 25% d’entre eux ont profité de la rareté de main-d’œuvre dans l’industrie pour se trouver des emplois à l’extérieur.

À l’approche de la saison de pêche, la direction de l’usine Les Crustacés de Gaspé, qui a pignon sur rue à Grande-Rivière et qui transforme le crabe des neiges, a annoncé lundi qu’elle mettait fin à ses activités.

La direction a expliqué via communiqué que ce sont les conditions du marché qui les ont forcé à prendre cette décision. « Malgré de nombreux efforts pour rentabiliser cet investissement, il y a 4 ans, le rendement financier n’a jamais été au rendez-vous, explique le directeur général Gino Lebrasseur. Aucune perspective d’amélioration ne pointait à l’horizon pour la saison 2019 sur le plan financier ou pour permettre aux travailleurs d’obtenir un nombre de semaines satisfaisant. La fermeture de zones de pêche en 2018, en raison de la présence des baleines noires, rendait les perspectives encore plus sombres en 2019. » Ce dernier n’a pas retourné notre appel. Il a précisé à notre collègue du Soleil que la fermeture n’était pas nécessairement définitive bien que la perspective d’une réouverture ne soit pas dans les cartons pour 2020.

Relocalisation

 

Comptant 80 employés, la direction estime qu’environ 25% d’entre eux ont profité de la rareté de main-d’œuvre dans l’industrie pour se trouver des emplois à l’extérieur.

Unipêche MDM – derrière les activités des Crustacés de Gaspé – ajoute qu’elle travaillera de pair avec Emploi-Québec ainsi que le regroupement des employeurs du secteur des pêches pour reclasser le personnel avec les autres usines du secteur. Rappelons qu’Unipêche a d’autres usines de transformation en Gaspésie, que ce soit à Tourelle, Mont-Louis ou Paspébiac. « Les pertes d’exploitation importantes de cette usine, les incertitudes quant à l’approvisionnement des crabes par la fermeture possible de zones de pêche, et le manque de main-d’œuvre dans cette industrie expliquent notre décision difficile à prendre mais qui se devait d’être prise. Nous sommes à six semaines du début de la pêche et nous sommes confiants que la majorité des gens pourront être replacés », précise Gino Lebrasseur.

Tactique anti-syndicale, plaide Unifor

 

Pour le syndicat Unifor, accrédité en mai 2018 pour représenter les travailleurs de l'usine Les Crustacés de Gaspé, il ne fait aucun doute que la manœuvre a pour but de contrer la syndicalisation dans le secteur des pêches. « Il s'agit clairement d'une tactique antisyndicale qui a pour objectif non seulement de bloquer la syndicalisation de l'usine, mais aussi de freiner la création d'une section communautaire des aides-pêcheurs qui prend de plus en plus d'ampleur en Gaspésie. On est dans une campagne de peur et d'intimidation, c'est absolument indécent et inacceptable dans notre société d'aujourd'hui », dénonce vertement John Caluori, l’adjoint au directeur québécois d'Unifor. Ce dernier indique que les négociations pour une première convention collective se faisaient dans un contexte ardu et met en doute les motifs réels de cette fermeture, alors que les quotas de crabes ont augmenté de 30% cette année. La direction assure de son côté qu’il s’agit d’une décision d’affaires et que les officiers syndicaux ont été avisés de cette décision il y a 5 jours.

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