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25 mars 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Inquiétude chez les transformateurs

RIVIÈRE-AU-RENARD

Crabe

©Archives - Gaspésie Nouvelles

Environ 125 travailleurs étrangers provenant du Mexique travaillent à l’usine E, Gagnon et fils de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, sur plus de 600 employés.

La fermeture de l’usine de transformation Les Fruits de mer de l’Est du Québec a créé une onde de choc à Matane, où la crevette nordique y était transformée depuis 58 ans.

Seules deux autres usines, toutes deux à Gaspé, transforment la perle rose au Québec : celle de Marinard à Rivière-au-Renard et celle de La Crevette du Nord Atlantique à l’Anse-au-Griffon.

Ces deux joueurs pourraient profiter par la bande de la fermeture de l’usine de Matane par sa propriétaire, la firme danoise Royal Greenland. Une partie des captures pourrait leur être réacheminée. C’est à tout le moins l’intention de Bill Sheehan, qui a racheté Marinard avec son frère George en novembre dernier. Pour l’instant, les deux entrepreneurs réussissent à faire rouler les lignes de production depuis le 8 janvier avec de la double frozen, de la crevette importée.

Un apport local supplémentiare pourrait donner un bon coup de main … à condition que des bateaux prennent la mer. « C’est dans les plans, absolument. Mais on ne se fera pas de cachettes. Avec les quotas qui ont été donnés cette année, la question reste à savoir si les pêcheurs vont aller les chercher », se demande Bill Sheehan.

Diminution de la ressource oblige, les captures autorisées ont été revues à la baisse cette année, à 3060 tonnes pour l’ensemble des crevettiers du Saint-Laurent. La part pour le marché du Québec est de 1080 tonnes, soit près de 2,4 millions de livres. L’an dernier, moins de 40% du quota de 14 450 tonnes avait été ramené.

Le crabe également touché

 

Une autre tuile est tombée sur la tête des transformateurs, avec le retour du visa exigé pour les travailleurs mexicains temporaires. Un délai d’au moins huit semaines pourrait devoir s’appliquer avant que qu'ils reçoivent leur visa de travail. Si la mesure touche moins la saison de la crevette nordique et du homard – qui démarre un peu plus tard – celle du crabe des neiges est plus inquiétante.

Environ 125 travailleurs étrangers provenant du Mexique travaillent à l’usine E. Gagnon et fils de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, sur plus de 600 employés. La situation est loin d’être idéale, alors que l’ouverture de la pêche au crabe des neiges dans la zone 17 était prévue dimanche (mais qui a été retardée en raison des mauvaises conditions météorologiques). Une décision devrait être prise incessamment pour la zone principale – la 12 – où la majorité des crabiers effectuent leurs prises.

« L’industrie prend tous les moyens, mais les gouvernements mettent des règles en place qui peuvent prendre huit semaines, et ça deux semaines avant le début de la saison. Le calcul n’est pas dur à faire. Six semaines après le début de la saison de crabe, c’est trop tard. Combien vont réussir à se qualifier à temps? », lance Bill Sheehan.

La députée Diane Lebouthillier dit de son côté avoir confiance que la crise se résorbe et être en communication avec les transformateurs depuis qu’elle a appris la nouvelle le 29 février. « La situation à laquelle nos usines sont confrontées depuis le début de la saison, pour moi c'est inacceptable […] Je savais très bien l’impact que ça aurait sur le milieu », a lancé la ministre de Pêches et Océans Canada sur les ondes de Radio-Canada.

La députée de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine dit avoir talonné presque quotidiennement son homologue à l’immigration, Mark Miller, depuis cette date, afin de régulariser la situation. « On travaille de façon très étroite avec les usines pour que la saison des pêches se passe de la bonne façon. Ils ont besoin de prévisibilité. »

Bill Sheehan n’est pas convaincu qu’il aura tous les travailleurs nécessaires pour le début de sa saison, malgré les propos des élus et bien que son ratio de main-d’œuvre étrangère soit moins élevé que d’autres usines ailleurs dans l’est du pays.

« Dans le crabe, c’est vraiment criant. On a espoir d’avoir un bon groupe pour débuter nos activités, mais apprendre ça à deux semaines du début de la pêche, il va sûrement falloir qu’on sacrifie des productions de niche, comme le marché japonais. Il va falloir favoriser les productions plus faciles à faire. »

À cela s’ajoute une diminution prévue des quotas de 29% dans le crabe des neiges et le spectre toujours présent d’une baleine noire qui pourrait s’enchevêtrer dans un casier, ce qui causerait une mauvaise publicité auprès du marché américain, principal importateur de crabe des neiges.

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