À priori, Pierre Fitzgibbon se dit conscient des prix de l’essence affichés à la pompe en Gaspésie. « Il y a quelques régions dont la Gaspésie où la marge des détaillants semble plus élevée que l’ensemble du Québec », rappelle-t-il d’emblée.

Le 30 janvier, la Régie de l’énergie déposait un rapport de surveillance indiquant que de 2018 à 2023, les prix affichés moyens de l’essence ordinaire de la Gaspésie étaient au premier rang de tout le Québec 48 % du temps. Les marges de détail nettes sont plus élevées dans la région que dans l’ensemble du Québec, expliquait la Régie de l’énergie.

Pierre Fitzgibbon a incidemment demandé à Robert Clark de se pencher sur la question. Ce dernier est professeur affilié à HEC et a déjà travaillé sur ce genre de dossier dans les années 2000. « Il avait découvert de la collusion. Il va nous aider à regarder ce qu’on pourrait faire au niveau de la Régie de l’énergie pour faire des changements […] Est-ce que la concentration des essenceries est trop grande? Est-ce qu’il y a une corrélation avec les prix? », se demande le ministre, en plaidant pour une plus grande transparence des prix de l’essence et un meilleur accès aux données. La Régie de l’énergie et CAA Québec ont déjà des outils bien développés, mais qui restent plus ou moins connus du grand public. « Il faut divulguer l’information, les marges de profit, les prix de l’essence. Ce n’est pas simple », convient Pierre Fitzgibbon.

Éolien extracôtier

 

Le ministre se dit par ailleurs très ouvert à l’éolien extracôtier – le offshore – à l’heure où une entreprise comme LM Wind Power produit déjà des pales surdimensionnées de 107 mètres pour alimenter le marché de la côte est américaine. « On peut concevoir sur le bord des côtes des provinces maritimes de la place pour du offshore. Ça peut marcher. J’étais toujours sceptique sur le coût en kilowattheure. On a vu des appels d’offres rentrer à 6 ou 7 sous le kilowattheure avant le crédit d’impôt. En même temps, on a tellement de possibilités sur l’éolien onshore au Québec, travaillons ça, mais analysons-le. »

Le directeur général de Nergica, Frédéric Côté, abonde dans le même sens et s’est même dit agréablement surpris des coûts associés. « C’est surprenant à quel point ça peut être compétitif, à neuf ou dix sous le kilowattheure. Je m’attendais à plus cher que ça. Ce qui contribue de façon importante à réduire les coûts de production, le facteur numéro un, c’est la qualité du vent. Le potentiel éolien maritime sur la côte est Atlantique au Canada, c’est un des meilleurs régimes au monde, ce qui contribue à accélérer la technologie. »

Ligne de transport

 

Par ailleurs, Hydro-Québec pourrait annoncer d’ici un à deux mois ses intentions quant au développement de lignes de transport haute tension afin d’acheminer l’électricité produite dans l’Est du Québec au-delà de Rivière-du-Loup, qui fait office de goulot d’étranglement, pour reprendre l’image populaire. « Je ne peux pas promettre que ça va être la première ligne qu’ils vont faire [Hydro-Québec] mais elle est clairement dans le haut de la liste », estime Pierre Fitzgibbon.

Enfin, quant aux milliers de mégawatts en énergie renouvelable qu’aura besoin la province dans les prochaines années, les défis demeurent colossaux, notamment dans le monde de l’éolien. Le ministre arrive du Danemark où il a pu discuter avec des équipementiers. « L’enjeu présentement, c’est de savoir si on va avoir des turbines. Vestas, les commandes d’éolien dans le monde, ça dépasse leur capacité de produire. C’est très stratégique tout ce qui se passe présentement. » Le solaire devra aussi faire partie du bouquet énergétique, conclut-il.