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21 août 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Une retraite bien méritée après 40 ans au Chafaud

PERCÉ

Jean-Louis Lebreux

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Jean-Louis Lebreux

Après avoir tenu la barre pratiquement seul pendant 40 ans du musée Le Chafaud, Jean-Louis Lebreux tirera sa révérence le 24 septembre d’un métier qui l’aura passionné jusqu’au tout dernier moment.

L’homme originaire de Grande-Rivière a consacré la moitié de sa vie à préparer et présenter diverses expositions au public. Les amateurs d’art ont pu voir à Percé certaines œuvres des plus grands de la scène locale, nationale et internationale, de Paul-Émile Borduas à Kittie Bruneau, de Jean-Paul Riopelle à Picasso, en passant par Marc-Aurèle Fortin et Alberto Tommi.

Mais le temps a fait son œuvre et il est aujourd’hui temps pour lui de tourner la page. « J’ai toujours la même passion, le même intérêt. Mais les conditions sont devenues tellement difficiles ... On n’a pas d’aide financière du ministère de la Culture. Après 40 ans, c’est le temps de laisser ma place », laisse-t-il tomber, résigné.

Pendant quatre décennies, Le Chafaud a toujours opéré avec des moyens très modestes, n’étant pas reconnu par le ministère de la Culture, ce qui l’empêche de toucher diverses aides financières. Encore cette année, des demandes ont été envoyées, en vain. « On me répond que je ne suis pas accrédité. Quand je demande à l’être, on me dit qu’il y a déjà un musée à Gaspé et à Bonaventure ... Que voulez-vous faire dans ces circonstances? », se questionne le directeur de l’établissement. Heureusement, il peut compter sur le programme Emploi d’Été Canada. Certains étudiants viennent ainsi lui donner un coup de main pendant la saison estivale.

Mais ce chemin de croix annuel et le poids des années ont fini par user Jean-Louis Lebreux, qui a créé le musée à 1983 à l’âge de 40 ans dans ce bâtiment emblématique de Percé rouge et blanc qui appartient encore à ce jour à la Sépaq. Est-ce que l’institution qu’est Le Chafaud survivra au départ de Jean-Louis Lebreux? C’est la grande question. « On ne le sait pas. Est-ce que des gens seraient prêts à prendre la relève? Il y a des intéressés mais quand vient le temps de leur parler des conditions de travail, salariales ... Des personnes m’en parlent, mais ça ne débouche pas. » 

Encore quelques semaines

 

Trois expositions sont en cours actuellement au Chafaud. La pièce maîtresse est certainement celle de la peintre française Fabienne Verdier, qui a exposé un peu partout dans le monde mais qui a choisi Percé pour sa première au Canada. Une conservatrice en art contemporain du musée de Sarrebruck, en Allemagne, fera d’ailleurs le trajet jusqu’en Gaspésie la semaine prochaine, elle qui avait déjà présenté son œuvre dans son pays. Une conférence et de l’animation sont à prévoir. « C’est un véritable cadeau qu’elle fait à notre modeste musée », se réjouit Jean-Louis Lebreux. Certains diront que cette exposition de Fabienne Verdier est un peu comme la cerise sur le gâteau après 40 ans de dur labeur.

L’artiste montréalais Yvan Tartre est aussi de retour, lui qui avait déjà exposé en 2010 et dont le travail avait connu un franc succès. Une sélection d’une quinzaine d’œuvres présentées au fil des ans peut aussi être observée, dont un tableau de Marc-Aurèle Fortin prêté spécialement pour ce 40e anniversaire. Des toiles de Pierre Henry, originaire de Chandler, et de Francine Simonin, d’origine suisse, sont notamment présentées. Un tableau de l’artiste américain Putnam Brinley est aussi exposé.

Le Chafaud

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le musée Le Chafaud

« Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce dessin est signé par inadvertance par un des plus grands artistes américains, Edward Hopper, parce que les deux partageaient le même atelier à New York et travaillaient ensemble, raconte avec enthousiasme Jean-Louis Lebreux. Un jour, Hopper a été malade et son chirurgien aimait beaucoup son œuvre alors ils ont convenu de payer la facture avec une toile. Il a demandé à Brinley qu’il apporte ses œuvres pour les signer, mais l’une de ses propres œuvres s’est glissée par mégarde dans le lot. Hopper n’a pas regardé et a signé le travail de Brinley. »

Des anecdotes comme celle-ci, le directeur du Chafaud en a accumulées des tonnes au fil des ans et n’est jamais avare de les partager aux oreilles intéressées. Lorsqu’interrogé si une exposition l’a marqué en particulier, Jean-Louis Lebreux a de la difficulté à les départager, citant celles de Kittie Bruneau, qui a habité l’île Bonaventure avant d’en être expropriée, de Paul Béliveau ou de René Derouin.

« Ce sont tous des événements incroyables pour un petit musée. Pour celle de Riopelle, aucune des œuvres exposées n’avait été présentée au public. Personne ne savait qu’il avait peint des pommes et des arbres. Ce sont des toiles qu’il gardait pour lui et quand j’ai découvert cette richesse artistique avec sa conjointe Huguette Vachon, j’ai pu réaliser cette très belle exposition », note le directeur.

Quiconque l’a côtoyé un tant soit peu sait qu’au-delà du métier, cette histoire est surtout celle d’un homme qui aime profondément l’art et la culture, et qui s’est évertué à communiquer cet amour au plus grand nombre. « J’ai fait du mieux que j’ai pu », résume-t-il sobrement. Et pour ça, plusieurs vous en remercient.

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